Réécriture inspirée de Phèdre (Racine)

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

Far Away   Réécriture inspirée de Phèdre (Racine) 0 13/10/12 à 12:03

Hm, un travail que j'ai fais l'année dernière et que j'aimais plutôt pas mal. J'aurai bien voulu des avis, à savoir ce que je peux améliorer/ce que je peux garder pour éventuellement me remettre a écrire un peu...

Dans la pièce, on sait que Théramène revient d'un voyage au Enfers en compagnie de Pirithoüs ( un ami a lui, amoureux de la femme du maître des Enfers ).
J'avais envie d'écrire un récit de ce passage qui n'est pas raconté dans la pièce, puisqu'il ne permet pas de faire avancer l'intrigue. Purement esthétique, donc. Je me suis amusée à reprendre d'autres récits de voyages aux Enfers que je ne saurai plus citer...
(Alexandrins + rimes plates pour respecter le style de la pièce.)



Thésée, à son retour à Trézène raconte sa descente aux Enfers en compagnie de Pirithoüs, à son confident Théramène.


THESEE :
Mon ami Théramène trop longtemps éloigné,
Je remercie les dieux de t'enfin retrouver.
Après ma longue absence en de lointaines régions,
Je te dois, tu le sais, de tristes confessions.
Mon compagnon et moi avons trop exploré,
Pour enfin arriver en des lieux désolés
Dont de toi la nature est restée ignorée,
Mais dont je reconnais te devoir le secret.
Mon ami Pirithoüs terriblement épris
De cette femme infernale gardée jour comme nuit.
Il nous fallu chercher aux confins de la Terre
Cette porte secrète menant vers les Enfers.
Et comme mon ami en connaissait la voie,
Je l'ai accompagné, courant à son trépas.
Tandis que nous marchions dans les forêts d'Epire,
J'écoutais Pirithoüs, en frémissant, me dire :
« Héros plus courageux et plus vaillant que toi
Depuis longtemps la Grèce n'en célébra pas.
Tu es, et je le sais, bien plus digne que moi
Tu flattes mon péché mais n'y cédera pas.
Pourtant, si tu m'en crois, ne baisse pas ta garde,
Le tyran de l'Epire, du trône nous regarde.
Nous pourrons rencontrer les Spectres et les Sirènes
Elles inspirent la passion, ils attisent la haine.
Quoiqu'il t'en puisse coûter, tu ne dois ni céder
A l'appel des sirènes, ni aux cris irrités ;
Y répondre condamne à une éternité,
Au sein du labyrinthe infernal, enfermé. »
Il me conta le chien, et les ombres funestes
Pendant que j'avançais, serein et d'un pas leste.
Car moi, fort du soutien de Neptune et des dieux,
Je ne présumais rien du destin malheureux.
Et comme nous longions les rives du Cocyte
Surgissaient de toutes parts ces ombres hypocrites.
Et leurs cris n'étaient pas de haine, mais de détresse ;
N'inspirant ni passion, ni dédain mais tristesse.
Nous suivions lentement cette atroce spirale
Emplie d'ombres, de cris, de sanglots et de râles.
Nous observions les spectres souriant s'approcher
En faisant du chemin un sinueux sentier.
Puis ils nous chuchotèrent des promesses superflues,
Éloignant sûrement de nos yeux notre but.
Nous avancions perdus, hagards et sans espoir
Cependant que les ombres croissaient avec le soir.
Si bien que le jour qui, quelques instants plus tôt,
Perçait avec aisance la cime des bouleaux ;
Par l'action de ces ombres fut métamorphosé,
Plus noir que la nuit, en encre transformé.
L'envie de les rejoindre et un noir sentiment,
Nous semblaient à tous deux comme un déchirement.
Nous cherchâmes un asile dans les bras de nos morts,
Sans même nous rappeler ceux qui vivaient encore.
Ainsi, pour un instant, étrangers l'un à l'autre,
Nous étions égaré dans l'abîme des autres.
Mais revenant à nous, de cet enchantement,
Nous découvrîmes là l'affluent rugissant.
L'infernal Achéron que nous devions franchir
Pour accéder enfin au centre de l'Epire.
Mais pour joindre la rive il nous fallait d'abord
Traverser une foule composée par les morts.
De terribles figures se frayaient un chemin
Tandis que maintes ombres nous appelaient en vain.
D'autres hurlaient de peine, ne pouvant traverser
Et certains finalement, perdus, nous suppliaient
De chercher leur famille et de leur apporter
Quelques précieuses paroles de dernières volontés.
Ce lugubre chemin enfin derrière nos pas,
Céda pour nous la place à un intense effroi.
Mais devant nous, tremblants, se dressait impérieux
Le vieux Charon placide : Le gardien de ces lieux.
Mais bien que réticent, il nous laissa passer,
Lorsque nous lui tendîmes la branche mordorée.
Nous pûmes nous glisser, sur le fleuve aux eaux noires,
Encerclés par la brume tombant de toutes parts.
Autour de notre barque accourrait cependant
Une foule intriguée d'affreux esprits errants
Criant autour de nous, partageant leurs remords
D'une vie bien trop courte, d'une éternelle mort.
Les cris recommençaient, les gémissements, les pleurs,
Les appels au secours, les hurlements d'horreur.
Mais tous ces bruits se turent quand soudain apparu
La porte de Saint Pierre aux vivants inconnue.
Étonnés, regrettant les cris désespérants
Que nous pouvions entendre tout en nous y rendant,
Mon compagnon et moi quasiment effrayés
Devant l'éternité de la porte sacrée,
Écoutions le silence, message secret des dieux,
Nous réduisant, humains, à nos corps belliqueux.
Et cependant débiles ceux-ci étaient emplis
D'une sensation d'angoisse et de mélancolie.

Aucune réponse
Recommande ce site a tes ami(e)s | Aller en haut

Partenaires : Énigmes en ligne