Travail à la chaine

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

X_OriiOus Travail à la chaine 0 23/01/09 à 19:29

Mrs. Lindemann avait tout de la ménagère américaine moyenne des années 50, la quarantaine, potelé, des cheveux laissé quelque peu a l'abandon, des poches sous les yeux, un mari chef de vente dans une agence immobilière locale et deux enfants. Le tout dans un pavillon de la banlieue résidentielle de Portland.


Ce matin-la, après avoir déposé les enfants à l'école, elle se trouvait assise devant la télévision à regarder une émission de variétés où passait un groupe de jeune anglais se faisant appelé « Les Scarabées ». Ils ne deviendront jamais célèbres avec un nom pareil pensa Sharleen en éteignant le poste.
Elle se mit à faire les cent pas, elle était inquiète pour son mari depuis la veille au soir. Till aurait du rentré hier soir de son séminaire donné par sa compagnie sur la vente au porte-à-porte à Chicago par l'avion de 21 h 37.

Son « Sixième sens » développé par plus de vingt ans de mariage avec Till lui soufflait que quelque chose n'allait pas. Elle ne s'était pas endormie cette nuit la, guettant le retour de son époux. A 23 H, rongée par l'angoisse elle appela l'aéroport pour savoir si le vol n'avait pas été annulé :
-« Le vol de Chicago est bien arrivé et a l'horaire prévu pour une fois, toutefois pour la liste des passagers, il faudra attendre l'ouverture des bureau, demain a 10 h. »
Elle appela ensuite a l'hôtel où Till avait l'habitude de descendre lors de ses voyages a Chicago :
-« Désolé pour vous madame, mais l'hôtel est fermé, depuis le gérant est accusé de communisme. Voulez vous signer la pétition de soutien pour Mr. Vladimir Oulianov ? »
Sharleen raccrocha vite, elle avait une peur bleue des « Rouges » et il n'était pas question de parler une seconde de plus avec l'une d'entre eux !
Au bord de la crise de nerfs, elle se dit que Till avait eu un empêchement de dernière minute, mais ce n'est pas son genre de ne pas prévenir. Quoiqu'il en fut, elle ne réussit à fermer l'œil de la nuit et imagina tous les scénarios possibles, de l'accident de voiture à une fugue avec une quelconque maîtresse, tout y passa. Elle pensa également a toutes les complications qui en découlerait si Till ne rentrer pas par le prochain avion, son patron, la police, la déposition, l'enquête et peut être même la presse !

Elle attendait donc patiemment l'ouverture des bureaux, elle jeta un coup d'œil à sa montre-bracelet, plus qu'une heure. Pour passer le temps et se calmer elle se prépara un gin orange qu'elle commença à déguster quand la sonnerie du téléphone retentit. Elle posa précipitamment son verre et décrocha le poste de la cuisine, c'était sûrement Till !
-« Allô? Allô?
-Madame Lindemann? Madame Till Lindemann?
-Elle même, qui est a l'appareil?
-Nous détenons votre mari, madame Lindemann.
-Q...Quoi ? Bégaya t-elle sans comprendre.
-Nous détenons votre mari, répéta la voix lourde et neutre.
-Vous détenez Till ? C...Comment ça ? Qu'est ce que.... ?
-Il s'agit d'une demande de rançon, vous comprenez mieux ? »
Le souffle coupé, chancelante, de sa main libre, Sharleen chercha un support à tâtons, renversant au passage le gin orange sur la table.
-Till...Till va bien ?
-Bien sur que oui, il se porte comme un charme, et il le restera si vous suivez mes consignes à la lettre.
- Laissez-moi lui parler, je vous en prie, laissez-moi...
- Non, écoutez-moi madame Lindemann. Nous voulons dix milles dollars, en coupures usagées et en coupures de vingt maximum...
-Mais je n'est pas assez !
-Et bien mettez vos bijoux au clou si il le faut, répliqua la voix visiblement agacé d'être ainsi interrompu. Vous les déposerez dans un panier repas, de ceux que l'on trouve dans les gares. Vous irez a McKruspley Park a midi et demi exactement. Vous savez ou cela se situe ?
-Dans un quartier populaire a l'est de la ville, répondit-elle vivement.
-Bien, vous les déposerez a coté du troisième banc de l'allée nord a partir de la statue de McKruspley en face du bâtiment du Télégraphe.
-J'ai peur de ne pas savoir qu'elle est l'allée nord....
-Celle ou se trouve le Jack Rabbit Slim et le siège de la radio K-Billy. Et surtout, ne vous retournez pas, a aucun moment et sous aucun prétexte !
-Ou...oui je ne me retournerais pas...midi et demi, Mc Kruspley, allée nord, troisième banc....Répéta t-elle d'une voix d'automate.
-N'essayais pas d'appeler la police, nous vous surveillons, et il serait...fâcheux qu'il arrive malheur a votre mari.
-Quand rêverais-je Till ? Supplia t-elle.
-Demain soir.
-Pourquoi si longtemps, ne pourriez vous pas..... »
Elle se rendit compte qu'elle parlait dans le vide et, lentement, raccrocha elle aussi le combiné.


Depuis son retour de McKruspkley Park, Sharleen ne tenait plus en place, les enfants rentrés de l'école s'amusent dans le jardin.
Elle faisait les cents pas, fumait une cigarette, allumait puis éteignait la télévision en se posant toujours la même question : Pourquoi eux ? Ils n'étaient ni riches ni célèbres, juste une famille de classe moyenne comme des millions d'autres.


Cette journée devrait rester a jamais comme une plaie béante, qui jamais ne cicatrisera. Elle se souvint de l'effort de volonté dont elle avait fait preuve pour ne pas se retourner, une fois leurs deux comptes vidés, leurs actions à la Bourse vendues, elle ne pensait pas que dix milles dollars représentait autant de billets. Mais au moins Till était sauf et devrait revenir le lendemain soir, c'est tout ce qui comptait pour elle. Elle n'oubliait pas non plus la panique qui l'a saisie une fois le combiné raccroché, une folle envie d'appeler la police, mais l'idée de penser a son mari mort, probablement d'une balle dans la tête dans une cave d'immeuble de Chicago la dissuada de faire appel au force de l'ordre.

Le téléphone sonna, elle se précipita pour le décrocher, Till était devait libre a l'heure qu'il est, la première chose qu'il ferait était sûrement de l'appeler.
-« Allô ? Allô ?
-C'est toi ma chérie ?
-Till !
Des larmes de joie brouillèrent sa vision et sa voix.
-Ou es-tu ? Demandas t-elle fiévreusement.
-A Philadelphie, pourquoi ?
-A Philadelphie ?
-Bien sur ! Le contrat avec Mutter Construktion vient juste d'être signer et je prend le premier avion pour Portland.
-Contrat, Philadelphie ?
-Tu n'as pas reçu mon télégraphe ou quoi ? Je savais que je n'aurais pas du confier mon message à ce groom, il avait une tête de Rouge ! Mon patron m'a appelé juste après le séminaire et m'a envoyé à Philadelphie pour le plus gros contrat de l'histoire de la boite !
-Tu n'as pas été enlevé ?!
-Enlevé ? (Éclats de rire) Au nom du Ciel, pourquoi aurais-je été enlevé ? »
Sharleen ne répondit pas, mais elle repensa à la demande de rançon, au dix milles dollars, au troisième banc....et elle s'évanouit

Vautré dans son fauteuil à pivot, Kristoff Flake pianotait sur le vieux bureau de chêne, impatient d'arriver a la fin de son service. Il demeurait encore ébahi de la facilité avec laquelle il avait gagné dix milles dollars. Il regardait de temps en temps dans le troisième tiroir de son bureau pour s'assurer que le panier repas garni de billets ne relevait pas de son imagination. Dix milles dollars, il aurait bien aimé avoir autant comme prime de licenciement, mais bon, il fera avec. Ou irait-il, maintenant ? New-York ? Oui, New- York, une si grande ville offre forcement des tas d'occasions....
Le téléscripteur se mit à crépiter, et quand le voyant lumineux signalant la fin du message fut allumé, il se saisi du message et le lut :


XXXXXXQTERMRSDJATB-KANSAS CITY MO 3/09 -16/25/34XXXXXX
XXXXXXXXXNELE RIEDEL424 MAXWELL 667 1379XXXXXXXXXXX
XXXXXXXOBLIGE ALLER SPRINGFIELD DEUX JOURS STOPXXXXX
XXXXXXXAFFAIRE IMPORTANT INNATENDUE STOPXXXXXXXXX
XXXXXXXXXTENDREMENT OLIVIER STOP TERMINEXXXXXXXXX

Kristof se rassit pour étudier le message, il ressemblait beaucoup a celui de Lindemann, ses lèvres se muèrent en un sourire et il pensa, vingt milles dollars, c'est encore mieux que dix milles...
Il décrocha le combiné, composa le numéro :
-« Mme Riedel, Mme Olivier Riedel ? Nous détenons votre mari...

Merci ^^

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