Ambroise

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

helouizz   Ambroise 3 02/04/10 à 23:38

Ambroise se prétendait solitaire, mais on le disait misanthrope. Son sac était de cuir, à première vue, plutôt lourd. Les anses étaient vieilles et le cuir se fissurait par endroit. D'apparence, c'était un objet authentique, qui a ce charme désuet qu'on accorde aux objets qu'on trouve dans les brocantes. Des objets esseulés, mais plein d'histoire. Des objets qui détruisent un homme par des tonnes d'interrogations.

Un objet de friperie, un objet d'art. Dénué d'artifice. Un objet vrai, brut, un objet sage de sa vieillesse, un objet sacré. Il est le bibelot sur la cheminée, le meuble du salon, la perle du vintage qui tombe admirablement sur des courbes féminines, ou encore les boutons de ce veston misogyne. Le sac marron était, en plus de sa vision d'ensemble qui fait renaître une odeur d'antan, emplie de plein de divers objets accumulés le temps d'une vie, d'un passage. Dans ce sac se côtoyaient des portes clés à breloques, des cartes postales, des lettres gribouillées à l'encre noir, des pantoufles au tissu épais, un joli duffle-coat, un porte feuille énorme contenant les trouvailles de papier d'une vie, un recueil de poème anonyme.

Cet objet était à l'image de son propriétaire. D'extérieur, vieux, bourru, lourd et rugueux, qui ne donne pas envie de s'y frotter. A l'intérieur, un paradis paradoxal, une vie pleine de rencontres, de sourires, une vie pleine de lecture et d'envie, une vie. Il se tenait adossé à une vitrine, assis sur un rebord de pierre grise claire, barbouillée de dessins, de citations. Le sac repose à ses côtés. Ses yeux parcourent la rue pavée.

Il regarde les gens qui passent. La ville est agitée, c'est un désordre immense, un samedi banal. Il regarde cette jeune femme pressée au sourire contrit, qui est en communication téléphonique. Cette vieille femme toute de fourrure vêtue qui est cramponnée à son cellulaire dernier cri. Ce vieil homme qui traîne lentement sa massive carrure, s'aidant de sa canne, affichant avec une once de honte perceptible sa dépendance à un trépied. Il y cette jeune fille qui semble flotter avec ses vêtements amples, son regard ailleurs. Tous autant qu'ils sont lui jettent un regard bref, un regard dont émane de la pitié, de la compassion. Aucun ne se déplace jusqu'à lui pour l'écouter parler de sa vie. Alors il continue à regarder, il fume des gauloises et son imagination lui joue des tours. Il se sait heureux, mais il ressent un manque. Un manque profond. Ambroise a faim, il veut lire un livre.

Il pense à sa femme, ses enfants. Morts dans l'accident. Alors il demeure, éternel observateur de se monde qui bat son plein, empreinte des bouts de soleil pour les restituer noirs, et se monde qui virevolte. Il ne sait pas où il va dormir ce soir. Il ne sait même plus s'il existe vraiment. Il n'y pense pas, une image le perturbe. Il voit la voiture, écrasée, broyée. Il voit sa femme, et il voit le sang qui perle au coin de sa bouche. Il voit ses deux enfants, à l'arrière. Il voit leurs ceintures attachées, et il voit aussi leurs visages impassibles, deux visages qui ne frémissent pas sous la bourrasque de douleur qui le cloue à terre. Il voit aussi le chauffeur du camion, tremblant, mais bien vivant. Il n'a même pas sentit ses pas s'accélérer, ni même le couteau rentrer dans la chair du coupable. Il n'a pas vu passer les années en prison.


Il sait qu'il est là, dehors, qu'il baigne dans le monde, et que dorénavant, il est innocent d'avoir purgé sa peine. Il sent la brise, il voit le ciel bleu, semblable à ce jour de juin où il a été incarcéré, ce jour sans fin. Il ressort à présent, 20 ans après, avec le seul sac qu'on lui a permit d'apporter. C'est sans joie que son corps est libre de bouger, c'est sans peine qu'il a débouché la première bouteille. Ce n'est pas sans mal qu'il se blottit sous un porche, à la nuit tombée, et qu'il s'endort dans la chaleur estivale. Il nage dans une douleur qu'il ne connait pas, il ne sent pas la vie, ne cherche pas à l'appréhender.


Ses mains meurtries par le temps, crevassés, salies cherchent dans le sac la photo. Les larmes coulent sur ses joues avant de venir maculer l'objet qui demeure le plus important, le plus cher à son cœur. La narine d'Ambroise frémit, la haine monte en lui. La vie n'est pas juste. Mais il faut la vivre. Il se dit sûrement que demain, il cherchera du travail, un logement, et que peut-être il refera sa vie de telle sorte que dans un an jour pour jour, il lira l'express en terrasse du café en face de lui, vêtu d'un smoking, de chaussures cirées à souhait et paré d'un blanc sourire. '' Qu'auraient t-ils voulu que je devienne ? '' Et de nouveau, ses larmes tracent de fins sillons sur ses joues. Il aspire à devenir matelot dorénavant, et à naviguer sur les flots que les siens ont choisi pour dernière demeure. Le porche, en forme d'arche, permet à Ambroise de voir le ciel. Il s'émerveille sur les constellations. La nuit s'est refroidie, et il se blottit dans sa couverture.


Il est tapit dans l'ombre, et personne ne peut le voir. Il est une proie facile, étant le syndrome même de la difficile réinsertion sociale. Il revoit les murs blancs, les portes à codes, les barreaux. Il entend les cris qu'il a entendu la première nuit en prison. Mais il a rendu justice lui même,et là réside la faute. Il se ragaillardit avec un gorgée de whisky.
La nuit est tranquille, fraîche. Il dort paisiblement, les gonflements de son ventres sont si légers qu'ils sont imperceptibles.

A l'aube, une passante avisée le remarque, le toise, et dans le but d'aller le réveiller pour lui dire qu'il gâche le décor des partisans qui vont à la messe, elle s'approche. Elle lui parle, il ne se réveille pas. Elle saisit le sac et le vide. Dans le porte-feuille, la précieuse carte d'identité. Il s'appelle Ambroise et sa voix haut perchée crie ce nom. Elle met sa main devant sa bouche pour sentir ses respirations. Il n'y en a pas. Elle le dégage de sa couverture orange miteuse pour lui prodiguer les premiers soins. Elle crie, s'écarte vivement.
Il a une large entaille dans le cou. Il y a de cela 365 jours, Ambroise rendit justice lui même, signale un petit papier blanc, accroché par une cordelette autour de son cou. La fine corde, râpeuse et torsadée, entre dans la fente béante. La date est inscrite dessus, nous sommes le 16 juin 2006.

Et 17 jours se sont écoulés depuis la mort d'Ambroise. Ce qui explique les insectes qui grouillent dans la plaie sanguinolente.





Note : J'aurais pu faire la morale par rapport aux 17 jours passés, mais je pense pas pouvoir dire ce genre de chose sachant que moi même je ne suis pas irréprochable. Cependant si l'envie vous prend de la tirer vous-même ! j'attends vos critiques, sûrement y a t'il quelques fautes. Merci de me lire again. Bonne soirée Smile

Ambroise 1/3 03/04/2010 à 06:31
il est innocent d'avoir purgé sa peine.

Je vois pas trop ce que tu voulais dire par là.

Sinon y'a quelques fautes d'inattention mais rien de dramatique. Par contre, je trouve que l'ensemble de ton texte est assez confus et que tu cherches un peu trop à y mettre du dramatique. Aussi, dans l'enchaînement c'est un peu trop rapide à mon goût. On dirait que t'as sauté plein de détails comme si tu voulais en finir au plus vite ou parce que t'étais à court d'idée.

Enfin, je trouve qu'il est moins abouti que d'autres de tes textes.
Ambroise 2/3 03/04/2010 à 10:16
Frosties,

il est innocent d'avoir purgé sa peine.

Pour la phrase si dessus, je voulais dire qu'il pensait que l'on redevient l'innocent lorsque l'on a purgé sa peine. Je sais pas si ça marche au niveau de la syntaxe.

Je suis dans l'ensemble d'accord avec toi, je me suis précipité, je crois que j'ai mis 20/30 minutes à l'écrire et une fois de plus c'est regrettable.

Concernant la fin bâclée, quand je me place en lecteur neutre, ce qui n'est jamais très concluant d'ailleurs, je me dis '' J'aurais préféré ne rien savoir que d'en savoir si peu ''. Je pense qu'il faut ou que je développe, ou que j'enlève l'avant dernier paragraphe.

Sinon, il est moins abouti, mais j'ai essayé d'alléger le vocabulaire, j'ai fais le maximum de phrases courtes et j'ai décris le plus clairement possible ce que je voyais. Je ne sais pas si ça se voit, et dans cette conjecture ce que tu en pense ? Il se peut aussi que ça ne saute pas du tout aux yeux. Ou que ce soit carrément invisible. Bref.

Merci pour ton commentaire, c'est plaisant de savoir qu'il y a quelqu'un de fidèle au poste ! Very Happy


Ambroise 3/3 19/04/2010 à 23:36
Tu n'écris plus ? :'(
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