Mon artiste (nouvelle)

Alhambra

Mon artiste (nouvelle)

25

09/11/07 à 17:21

[ Evitez les cailloux s'il vous plait ! ( Nan sèrieux, je sais que ce texte est vraiment raté, mais j'le mets quand même [J'suis une rebelle]. ) ]

Ils étaient là.
Lui, ses yeux gris, ses cheveux décoiffés, son air de grande lassitude, et sa pose désinvolte d’artiste.
Il m’a dit :
« J’ai quelque chose de super important à te dire. Mais je ne trouve pas les mots, en fait je suis pas sûr qu’il y en ai.
-Et … Alors ? Tu vas faire quoi ?
-Je sais pas.
-Tu ne peux pas l’exprimer ?
-Non. »
Il était toujours comme ça. Il ne pouvait pas, il ne pouvait jamais.
Cependant, là, il ajouta :
« Enfin … »
Il m’exaspérait avec ses mystères.
« Enfin, enfin ! Enfin quoi ?
-Je peux te le dessiner. Tu veux bien ?
-Me dessiner ce que tu veux me dire ? Bah écoute oui, si au final je comprends, tu peux me le dessiner. »
Voilà, c’était lui. Adorablement insupportable, insupportablement adorable. Il fallait toujours qu’il fasse son original. Mais je crois qu’au fond, il ne le faisait pas exprès. Il était comme ça, c’était tout.
Il poussa son café, le cendrier et sortit son carnet à dessin et son fusain. Il se mit à dessiner des formes totalement abstraites. Je le regardais faire, d’un sale œil. J’étais sûre de ne voir aucun message dans son dessin. Et ça m’énervait. Et ça m’énervait d’autant plus que j’avais une envie tout au fond de moi de savoir ce qu’il voulait me dire, et cette envie me tiraillait de tous côtés. Alors que j’avais promis à mes copines que j’avais tourné la page. Pff.
Enfin il me tendit le dessin.
Je le pris, d’un air supérieur.
C’était un enchevêtrement de formes, de figures qui semblaient se former les unes à partir des autres. Tout élément du dessin était attaché aux autres. Rien n’était seul. Je le posai sur la table.
« Oui c’est très beau. Mais je n’ai pas compris.
-Regarde bien. »
J’ai regardé, sans grande volonté.
Et j’ai vu. C’était vrai, ce dessin voulait dire quelque chose, à présent cela me semblait d’une évidence immédiate. C’était vrai aussi qu’on ne pouvait pas l’exprimer. En tout cas, pas mieux qu’avec ce dessin. Mais je crois qu’au fond, ça voulait dire « j’ai besoin de toi », au sens propre de besoin, comme si c’était quelque chose de viscéral.
Je lui souris. Il comprit tout de suite que maintenant, je savais. Il releva la mèche qui lui tombait sur les yeux et reprit sa cigarette. Je souris de plus belle. Il était mon artiste.
« Je peux le garder ?
-Non.
-Non ? Pourquoi non ?
-Parce que. Je te l’aurais dit avec des mots, tu n’aurais pas pu le garder.
-Si. Si tu l’avais dit avec des mots aussi joliment que tu l’as dit avec ce dessin, j’aurais gardé ces mots. Tout au fond de mon cœur. »
Mon cœur qui bat pour cet artiste.