L'été dernier sur la falaise. [Texte]

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Cloud Atlas   L'été dernier sur la falaise. [Texte] 14 Ce jour à 13:33

Bonjour à tous.
C'est pas vraiment un texte abouti, plutôt l'esquisse d'une nouvelle que j'aimerais bien réussir à écrire un jour.

Merci d'avance de vos critiques/appréciations.


Un jour, je pense que j’avais quatorze ans, j’ai voulu apprendre l’anglais. J’ai d’abord acheté un livre de grammaire, et une méthode assimil. Puis des romans en anglais et des dvds. Je progressais vite. Ma sœur, sans me demander la permission, m’a emprunté l’assimil. Puis les romans et les dvds. Elle est de deux ans ma cadette, mais elle apprend aussi vite que moi. Quand on est devenu suffisamment bons, on a passé trois mois à ne se parler qu’en anglais, à s’appeler « Bro’ » et « Sis’ ». On a appris l’anglais comme ça. Nos parents étaient un peu étonnés mais fiers, je pense.
Moi, j’étais content. Ca m’avait occupé pendant quelques mois. J’ai fini par me lasser, bien sûr. Je me lasse vite.
C’est mon problème : je suis très intelligent, probablement exceptionnellement intelligent, alors je m’ennuie beaucoup.

Je n’ai pas réellement d’amis. Pas que j’en veuille, non plus. Si quelqu’un devait être mon ami, il faudrait qu’il soit assez malin pour me comprendre vraiment. Je ne le supporterais pas. Je suis bien comme ça. J’ai dix-sept ans et des copains de mon âge, avec qui je m’amuse. J’arrive toujours à obtenir d’eux ce que je veux. Ce n’est pas vraiment de la manipulation, juste que j’ai une conscience aigue de l’effet que je fais aux gens, de ce qu’ils pensent de moi, et une fois qu’on possède ce genre d’informations, c’est impossible de faire comme si on ne les connaissait pas et de ne pas les utiliser. Bien sûr, il y en a qui ne supportent pas ça. Ceux-là s’éloignent de moi mais ça n’a pas d’importance. Même si beaucoup s’en vont, il y en a toujours plus qui arrivent et veulent faire partie de mon cercle d’amis. J’attire les gens. Je suis apprécié. Ca m’amuse.
Vous savez, ceux qui s’éloignent de moi, je les méprise moins que ceux qui s’approchent, mais je les méprise quand même parce qu’ils n’ont pas ce qu’il faut pour m’affronter et déjouer mes stratégies, plutôt que de s’enfuir.

Il n’y a pas grand monde que je ne méprise pas. A part ma sœur bien sûr, et mes parents. Quoique je ne pense pas être réellement objectif en ce qui concerne mes parents puisque je les aime. Ils ne sont pas si intelligents que ça, bien que très cultivés. Mais après tout, ils m’ont élevé, et ils ont réussi leur coup, puisque je suis exceptionnel. Ca vaut bien mon respect.
Pour les autres… Mes pairs sont des suiveurs ou des fuyards, comme je l’ai déjà expliqué. Je n’ai jamais jamais rencontré quelqu’un qui soit à ma hauteur, à part la petite, évidemment, mais vu que je la connais depuis sa naissance, on ne peut pas vraiment dire que je l’ai rencontrée.

L’école ? Ca a toujours été facile, mais vers mes quinze ans, j’ai compris exactement ce qu’on attendait de moi et à quel point c’était honteusement simple. La matière, au lycée, c’est rien. La seule raison de rater dans ce genre d’enseignement, c’est de s’imaginer qu’on n’est pas assez bon. Et je sais que je suis le meilleur. C’est trop facile mais ce n’est pas grave, j’aime bien être brillant. J’apprends par moi-même sur les sujets qui m’intéressent réellement.

Comme je vous ai dit, je m’ennuie beaucoup et me lasse vite. Je suis toujours à la recherche de nouvelles occupations. Il y a eu l’anglais et certains sports pour lequel je me passionnais pendant un ou deux ans. J’ai toujours lu beaucoup. Ca, étonnamment, je ne m’en lasse pas. Ma sœur aussi lit beaucoup, elle se glisse dans ma chambre et me vole mes livres. Ca ne me gêne pas. Elle écrit aussi, elle écrit bien. Mieux que pas mal d’auteurs publiés.
Le sexe non plus, je ne m’en lasse pas. Par contre les filles… C’est le problème : je me lasse des filles. Je ne peux pas garder la même longtemps. Alors elles pleurent, se mettent en colère, elles m’en veulent. Au bout d’un certain temps, elles finissent par tourner la page. Je les vois de loin avec d’autres garçons ou en train de rire avec leurs amies. J’aime bien ça. Je les estime plus comme ça, parce qu’elles se sont relevées de la douleur que je leur ai infligées.

Je suis conscient d’être détestable. Je fais du mal aux gens. A ceux qui se croient mes amis, aux filles. Ils sont aussi un peu coupables, eux aussi, de ne pas me convenir. Bien que je voie difficilement comment ils pourraient me convenir puisque moi-même je ne me conviens pas. Je suis en constant désaccord avec moi-même.
Parfois, j’ai juste envie de rester chez moi, dans le calme et la volupté, à lire, regarder des vieux films, écouter du jazz avec ma sœur. Dans ces moments-là, je regarde mes camarades avec encore plus de dédain. Les seules histoires qu’ils ont à raconter sont celles de leurs dernières beuveries, je pense en secouant la tête. Parlez-moi de voyages, de balades, d’écrivains, de musique…
Voyage, balade… Je me souviens de cet été, aux falaises d’Etretat où nous étions en villégiature avec mes parents. Pendant une journée, la petite et moi étions partis seuls en randonnée et avions pique-niqué sur le bord d’une falaise. Le vent la décoiffait. J’étais heureux.
Pourtant, parfois, tout ce calme, toute cette grâce de notre petite famille idéale me pèse, et je veux juste sortir, danser, boire, fumer. Ca ne pose pas vraiment de problèmes, il y a toujours une soirée où je suis invité si j’ai envie. J’aime bien danser. Pas sauter partout, non, plutôt choisir une fille sur la piste, m’approcher d’elle doucement, placer mes mains sur sa taille et bouger avec elle sur un rythme un peu trop lent.
En général, je me retrouve ensuite sur un canapé dans le coin d’une salle enfumée, à embrasser cette fille ou une amie à elle, posant mes mains là où elle ne devrait pas m’y autoriser. J’aime embrasser une fille pour la première fois. J’aime ne pas savoir si elle m’autorisera à dormir chez elle le soir-même où si je devrai attendre un peu. Parfois, ces derniers temps, quand je suis dans le lit d’une fille, je ferme les yeux et j’entends le bruit des vagues.
J’aime tout ce qui me rend ivre, que ça se boive ou se fume, s’inhale ou s’avale, s’embrasse ou se caresse.

Je ne ressemble à personne. Mes parents et ma sœur sont grands et minces comme moi, mais la similarité s’arrête là. Ils sont d’une blondeur souriante parsemée de tâches de rousseurs et moi, j’ai les cheveux noirs corbeaux et le teint extrêmement pâle. Il paraît que je tiens d’une aïeule défunte. Peu m’importe. Je préférerais ressembler à ma sœur, mais tant pis, je suis aussi attirant qu’elle, même si c’est d’une manière différente, alors ça me convient également.

Je suis conscient d’être détestable et orgueilleux. Il fut un temps où je pensais que c’était normal, puisque j’étais si intelligent. J’étais supérieur à l’immense majorité des gens que je croisais alors quoi de plus naturel que de les utiliser et de les regarder de haut ? Mais j’ai fini par me rendre compte que ma sœur n’était pas comme ça, alors qu’elle était au moins aussi effrayante que moi au niveau intellectuel. Elle ne méprise pas les gens, elle ne les utilise pas. Elle n’a pas d’amis non plus mais quand elle sourit à quelqu’un, c’est un sourire sincère. Mon sourire à moi est en coin, tordu et ne signifie rien d’autre que ce que je pense tout le temps : « Tu n’es pas à ma hauteur, mais ne t’inquiète pas, c’est normal. » Parfois ça m’effraye un peu. Son existence me prouve que je suis mauvais et pire, que ce n’est pas une fatalité, donc que, quelque part, j’ai eu le choix. Je devrais la détester, mais chaque fois que je me dis ça, je me souviens d’elle, de ses cheveux au vent, de ses jolies lèvres s’entrouvrant pour engloutir une framboise cet été sur la falaise, alors je ne peux pas.

J’aime mes parents. Ils ne méritaient pas d’avoir des enfants aussi compliqués que nous, mais ils s’en sont néanmoins bien tirés. Parfois, je crois qu’on les effraye un peu. Ma sœur ne sort pas souvent, n’a pas vraiment d’amies et moi, j’ai beau sembler plus conventionnel, ils ne sont pas dupes. J’imagine qu’ils ont compris qu’on ne tient à personne, si ce n’est à l’autre, puisqu’on est les seuls en mesure de se comprendre mutuellement. J’imagine que c’est pour ça qu’ils font en sorte qu’on puisse avoir notre temps rien qu’à nous deux, comme pendant ces vacances à Etretat.

Ma sœur et moi, on est différents. Elle est naturellement bonne, je suis naturellement fourbe. Elle aime écrire, j’aime parler. Je suis comme un acteur, j’aime obtenir de mon interlocuteur l’exacte nuance d’émotion voulue, rien qu’avec mes mots. C’est un peu comme jouer d’un instrument de musique. Je suis l’archet, celui qui a le malheur de m’écouter le violon. Je pèse chaque mot, chaque silence, chaque intonation et choisis avec un plaisir pervers ceux qui conviennent le mieux, ceux qui auront exactement l’effet que je veux qu’ils aient.
Il n’y a que ma sœur qui ne se laisse pas envoûter. Et pourtant, pendant les dernières vacances, à Etretat…

Il faisait beau, le vent la décoiffait, le soleil jouait dans ses cheveux blonds. On s’était assis sur le bord de la falaise. Je m’étais approché du précipice, m’étais penché au-dessus de la mer pour regarder les vagues mourir, tout en bas. La petite avait eu peur, m’avait crié de m’éloigner du bord. Je m’étais exécuté, content qu’elle s’inquiète.
J’avais acheté des framboises au marché du village, parce que je savais qu’elle aimait ça. Nous venions de finir les sandwiches que j’avais sortis de mon sac et je lui tendis les baies que j’avais gardées comme surprise. Elle me remercia avec effusion et m’en offrit une. Je n’en voulais pas. Je voulais juste la regarder les manger, jusqu’à la dernière, ses lèvres s’ouvrant et se refermant sur les petits fruits. Je m’étais allongé sur l’herbe, le regard fixé sur elle, me disant qu’elle était réellement la seule qui comptait.

Je ne peux pas raconter plus, mais c’était bon, vous savez, c’était au-delà du plaisir physique. J’ai transgressé un tabou immémorial avec la seule personne qui sait vraiment qui je suis. On se valait tous les deux, on était dus l’un à l’autre.

J’aime ma sœur, parce que ce jour-là, en se relevant et rajustant sa jupe, alors que j’étais encore couché et nu sur l’herbe, en train de me demander si je devais ou non avoir honte, elle m’a souri, et j’ai réussi à lui rendre son sourire. Un vrai sourire, un sourire sincère.

L'été dernier sur la falaise. [Texte] 1/14 25/07/2009 à 13:42
Manque un bout ?

Sinon j'aime bien l'histoire, le personnage est intéressant. C'est une bonne idée à développer
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 2/14 25/07/2009 à 13:44
On dirait bien qu'il manque une partie, en tout cas la fin de la phrase.
C'est pas mal, mais je trouve que c'est assez répétitif. (dans les termes employés surtout). Mais bon, comme tu l'as dit c'est une "esquisse".
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 3/14 25/07/2009 à 13:50
Manque un bout? Ou ça?
Merci de vos réponses.
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 4/14 25/07/2009 à 13:51
Callebaut a écrit :

Manque un bout? Ou ça?
Merci de vos réponses.


"J’aime ma sœur, parce que ce jour-là, en se relevant et rajustant sa jupe, alors que j’étais encore couché et nu sur l’herbe, en train de me demander si je devais ou non avoir honte, elle m’a souri, et j’ai réussi à lui rendre son"

T'es sûre qu'il manque pas un petit quelque chose ? x:
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 5/14 25/07/2009 à 13:56
Ah merde ouais. Je corrige tout de suite (c/c de merde^^)
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 6/14 25/07/2009 à 13:59
Hum d'accord avec Frosties, moi aussi j'ai remarqué quelques répétitions.
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 7/14 25/07/2009 à 14:02
Pauline a écrit :

Hum d'accord avec Frosties, moi aussi j'ai remarqué quelques répétitions.


C'était plus ou moins exprès, je voulais retransmettre le cheminement de sa pensée, mais j'ai du un peu me perdre en cours de route.

J'ai l'histoire. Reste à trouver comment je vais la traiter pour en faire quelque chose de bien.
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 8/14 25/07/2009 à 14:08
J'ai hâte de voir ça.
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 9/14 25/07/2009 à 14:13
J'aime beaucoup =). En même temps j'ai un petit faible pour les personnages comme ça et les histoires du genre. Juste assez 'malsain' pour me plaire.
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 10/14 25/07/2009 à 14:48
Salut Very Happy

Et bien moi comme la plupart des gens qui ont déjà commenté avant moi, j'aime beaucoup.
Le sujet et le personnage est très intéressant je trouve Smile

Juste c'est le texte intégrale là, où juste une première partie ?

Bisous à toi Faire la biz
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 11/14 25/07/2009 à 14:51
choucoulatee a écrit :

Salut

Et bien moi comme la plupart des gens qui ont déjà commenté avant moi, j'aime beaucoup.
Le sujet et le personnage est très intéressant je trouve

Juste c'est le texte intégrale là, où juste une première partie ?

Bisous à toi


C'est un projet, c'est-à-dire que je présente l'histoire, le personnage principal mais que je compte en faire quelque chose de plus travaillé. Je sais pas encore trop comment je vais m'y prendre, j'attends d'avoir des idées brillantes ^^
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 12/14 25/07/2009 à 16:34
Mmh... Le moins qu'on puisse dire, c'est que ca soit original... je trouve aussi un peu trop de répétitions, et le style me semble un peu moins bon que d'ordinaire. J'aime bien par contre cette idée de l'égocentrisme poussé à l'extrême. C'est intéressant =)
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 13/14 25/07/2009 à 21:30
Merci!
Et up, bordel. Mr. Green
L'été dernier sur la falaise. [Texte] 14/14 26/07/2009 à 13:50
Version plus aboutie ici: http://www.sortirensemble.com/sol-nouvelle-208768_1.html
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