Déni, danger, lâcheté

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

helouizz   Déni, danger, lâcheté 5 29/03/10 à 21:54

''Mademoiselle, pas de panique, vous souffrez juste d'angoisse. Une petite angoisse infime qui se disloquera si vous prenez ceci. Le soir avant de dormir. La dense et épaisse couche de noir qui comprime votre crâne se dissipera, et vous rêverez verdoyant. Un champs vert plein de petits oiseaux rieurs-gazouillants, et la sordide nostalgie regagnera ses plates brisées.''

Je me redresse d'un coup brusque dans mon lit. L'appartement est silencieux, je suis toujours seule. Le seul son qui vient troubler le vide sonore le plus parfait est un tic-tac métronome et distant de la pendule de la cuisine. Je cherche à tâtons mon paquet de cigarette laissé sur ma table de chevet. J'extirpe du fouillis une petite boîte de sédatifs que je repose. Je ne veux plus de ces saletés mensongères. Je tire un cylindre de son logement, et la flamme ronde et piquante en haut attire mon regard. Je suis subjuguée au cœur de ma nuit.

Les ombres dansent sur le mur de droite, si proche du mur de gauche. La pièce ne désemplit pas de fumée, et j'accumule. Je débite les cylindres, jusqu'à l'endormissement le plus noir et total.
Les murs ondulent, et l'organe qui me fait vivre se met à convulser sous mes songes acerbes, je me réveille à nouveau. J'oublie la colline où chahute au sommet deux individus indéfinis, j'oublie le cratère sans fond, j'oublie le hurlement et la défaite, j'oublie qu'ici il n'y a rien.

Je pense à Marie-Jeanne, a-t-elle été plus heureuse que moi ? J'aplatis mes maux obscures par ma teneur imaginative, mon potentiel, ma graduation de beauté sur l'échelle du plaisir tonitruant plante dans mon bras sa plume d'acier, et pourrit mon sang jusqu'à qu'il ne reste plus que de l'encre.
Ainsi je me lève et cours vomir le liquide noir sur une feuille. C'est un déni, je vis d'obscurité, je m'en nourris. Je suis née avec.


La douleur s'enterre parfois, et de sa fosse je l'entends encore geindre. L'épopée ne me grandis pas mais me rend élastique et malléable. Je crois au bonheur donc je saisis la boîte de sédatifs. Je lâche du lest, la course folle est une lente balade.
S'ils me regardent tous comme cela, c'est car ils savent que je suis déjà morte. Ils m'ont percé à jour, je suis une imposture à moi seule, je donne l'illusion de me mouvoir, mais j'exulte dans l'ombre du soir, tapie à l'abri de la vie et morte par sédentarisation. Les nomades vivent et s'extasient.
Je rebrousse chemin. C'est anodin pour vous. Mais je prouve à ses gens qui me regarde qui si je refais la route dans le sens inverse, c'est pour un trouver un brin de vie. Une gorgée d'eau froide, gelée, glacée qui me brûle intérieurement comme un pic aiguisé où coulent à blanc un tas d'immondices. La trêve empire mes sens, j'altère chaque parcelle de vie pendant que la danse funèbre tourne et retourne à cause du condensé de sensations qui m'émiette. Ainsi va la miche. Oui c'est ainsi, c'est ainsi que je née-morte, et chacun de vous le sait.


J'ai aspiré à être un enfant jovial, bienheureux, mais ce n'était qu'un jeu. Tout au long de ma courte vie, j'ai joué. J'ai eu envie d'émouvoir par le bonheur, mais son hyperbolisme le rendait théâtrale. J'offre à vos yeux ébahis ma dernière danse. Celle qui fait fourmiller les plus veules insectes, les tirant machinalement de leur torpeur.
Je vomirai mon flot d'encre sur ces enfants de la nature sous-montés d'anneaux, à la carapace dure, jusqu'à ce que ces apôtres de Dame Monde cessent de tourner, d'empester, de bourdonner. J'aurais plaisir à les rendre malléables, ces insectes vides.

'' Mademoiselle, je vous dis et vous répète que ses cachet donneront à votre vie une couleur lumière, peu importe celle que vous préférez. Mais oui, vous n'êtes pas la première crétine emplie d'amertume que je reçois. Écoutez, mon métier, c'est de recoller les amphores ébréchées. Non, il est hors de questions que vous reveniez éméchée. Vous jouez sur les mots brave enfant. Vos maux seront rétrospectifs. Regardez la vie, cessez de la ressasser. ''

Et son rire lourd et douloureux s'échappe dans les airs, suis-je seulement suffisamment consciente avec ces comprimés pour savoir s'il est vrai qu'il rit ? Non. Je suis une masse de matière informe. Je suis un insecte.
Le train de vie se réduit. Qu'est-il advenu de moi ?
Des comètes s'étirent et comme des ellipses enflammées, je les vois franchir le mur du son, leur tension est palpable; Je m'éprends à la contemplation de ses choses.
Je suis parfaitement décidée à mourir clouée au sol par un de ces UFO.
Je suis de leur famille, un membre estropiée de leur arbre généalogique.
Objet Titubant Non-Identifié.

''Un arbre frêle aux fruits sanguinolents
Où mûrissent remords et absurdités
Se dresse dans un jardin élégant
Aux contours vagues et estompés''



Je pense à toi quand le vent fait entendre le bruissement des feuilles. Je pense à toi quand le soleil baigne ma chambre que tu connais si bien. Je pense à toi chez le docteur, et je pense à toi dans l'eau. Je pense à toi dans l'huile et je pense à toi l'été devant mon réchaud. Je pense à toi quand le sel ondule mes cheveux par masses cristallisés. Je pense à toi quand l'opprobre pèse tellement lourd sur moi que je m'endors.
Je crois que je pense tout le temps à toi.

Mes pieds foulent le béton humide, le vent glace mes membres et la terre est calme. Je marche sur la digue, au fond j'aperçois un bout de matière brun, indistinct. Les vagues s'écrasent lourdement sur le sable, et l'écume est semblable à une un nuage liquide, versé sur le sol sans précaution, un nuage liquide profondément vivant qui rampe à terre. Il obéit à des lois physiques bien précises, et lorsque brutalement je le crois ensevelit sous cette masse agitée, je le vois, brave, qui rebrousse chemin. Je crois que de flot, il redeviendra flot. Les gens défilent, parfois je saisis des bribes d'expressions, et je vois surtout de la rancœur.

Tout ces visages sont animés d'émotions sordides, et parfois un trou béant et sinusoïdale vient crevasser leur face immonde. L'odeur de mer fait frémir mon museau, et j'ai comme faim de vivre. Je me roule difficilement une cigarette, mes doigts sont froids comme du marbre. Mes pensées défilent, et mes pas me guident à la dernière demeure de Chateaubriant. Je lis quelques pages de Mémoire d'Outre Tombe. Il décrit sa naissance; Un orage, une maison d'angle. Il était prédestiné. Je lève les yeux et je suis toujours surplombée par un ciel lourd, noir, gris, blanc, un ciel lacté.

C'est fou, mais lorsque je regarde ce ciel, je pense à toi.

Déni, danger, lâcheté 1/5 29/03/2010 à 21:58
Mes excuses à ceux que j'ai pu offenser vendredi soir. J'attends vos critiques; Merci de lire mes textes. Smile
Déni, danger, lâcheté 2/5 29/03/2010 à 22:58
helouizz a écrit :

Merci de lire mes textes.


Déni, danger, lâcheté 3/5 29/03/2010 à 23:00
ça va j'aime bien Smile
Déni, danger, lâcheté 4/5 30/03/2010 à 00:04
S'ils me regardent tous comme cela, c'est car ils savent que je suis déjà morte

==> Il me semble plus correct de remplacer le "car" par "parce qu'ils"

Mais je prouve à ses gens qui me regarde qui

==> des fautes de relevées : "ces" à la place de "ses" et "regardent" puisque ce sont les gens qui regardent et non la narratrice. D'autre part, il serait plus correct de mettre "que" et non "qui".

c'est ainsi que je née-morte,

==> Là j'avoue avoir du mal. Ne serait-il pas mieux de mettre "nais" à la place de "née", parce que j'ai plus l'impression que c'est du présent dans ta phrase que du passé composé, sinon ça me semble plus logique.

J'ai aspiré à être un enfant jovial, bienheureux

==> Euh là je saisis pas...Depuis le début t'en fais une narratrice et là d'un coup tu passes au masculin. Normalement tu devrais plutôt écrire : "J'ai aspiré à être une enfant joviale, bienheureuse"

je vous dis et vous répète que ses cachet

==> Encore des fautes à relever : "ces" et non "ses". Ainsi que le "s" à cachet qui manque.

Mais oui, vous n'êtes pas la première crétine emplie d'amertume

==> Euh ouais mais non en fait. J'trouve ça un peu trop cru venant d'un médecin (ou plutôt psychiatre
en ce qui concerne ton texte) . J'pense pas qu'en vrai, ils seraient nombreux à employer ce genre de termes devant leurs patients surtout si ça les vise.

il est hors de questions que vous reveniez éméchée

==> Un "s" en trop à question.

et l'écume est semblable à une un nuage liquide

==> Faute d'inattention, le "une" en trop.

à la dernière demeure de Chateaubriant

==> C'est Chateaubriand .

Bref, ça c'est les incorrections que j'ai relevé vite fait. Pour le reste, je trouve qu'effectivement pour ton âge (et même si t'aimes pas ce genre de remarques tant pis) tu as beaucoup de vocabulaire mais je ne trouve pas que tu arrives à l'exploiter correctement. Ne t'inquiètes pas pour ça en tout cas, ça viendra avec le temps et au fur à mesure que tu écris. Non, ce qui me gêne surtout c'est le fond. Je trouve que ça reste assez bateau malgré le fait que la forme soit plutôt agréable à lire. C'est toujours le même problème : tu t'appuies trop sur la forme au détriment du fond et du coup, ça donne l'impression de quelque chose qui prétend valoir plus que ce qui est en réalité.
Je t'invite donc à plus te pencher sur le fond (je ne dis pas pour autant qu'il faut négliger la forme hein), à plus développer tes idées.
Donc, je n'adhère pas à ce texte mais ça viendra sûrement.
Déni, danger, lâcheté 5/5 30/03/2010 à 07:55
Merci beaucoup d'avoir relevé toutes ces fautes, c'est assez impressionnant. Effectivement j'ai un réel problème de travail. Il faut me relire et retravailler mes textes.
''il est hors de questions que vous reveniez éméchée''
Je crois que le seul point où je peux t'éclairer c'est sur cette phrase, les deux passages entre guillemets, donc ce que tu pense être un monologue du médecin, sont en fait deux dialogues.
Je m'explique, considère l'amphore ébréchée, et là, remarque sous jacente de la patiente qui ne comprends pas, et confond avec éméchée. Voilà. Je sais pas si je que je viens d'écrire est compréhensible.

Ce matin c'est le brevet blanc de français Very Happy
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