Le désherbant.

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Classé X   Le désherbant. 15 11/12/10 à 18:21

C'est un texte écrit pour un concours de nouvelles. J'attends vos avis Smile

Le désherbant.

Elle serrait sa main aussi fort qu’elle le pouvait. Elle se pencha pour l’embrasser, encore une fois. La dernière fois. Pour la première fois il ferma les yeux durant un baiser. Il savait certainement qu’il ne les rouvrirait plus jamais. De battre son cœur s’est arrêté quand elle effleura ses lèvres.

Depuis que sa mère lui avait appris qu’il était revenu, elle venait chaque jour le voir à l’hôpital. Elle savait que s’il était rentré, c’était pour elle. Elle savait que son rapatriement de Dublin fût long et pénible pour lui, mais c’était encore la preuve que malgré tout, il tenait à elle, et qui sait, peut-être l’aimait-il encore.
L’annonce de son départ dix mois plus tôt avait fait l’effet d’une bombe. Tout le monde le connaissait jovial et bon vivant. Mais jamais personne n’avait pensé qu’un jour la vie le tuerait.
Durant ces dix longs mois, il avait fait le tour du monde, et fait tout ce que l’on rêve de faire avant de mourir. Il l’avait quitté sans rien dire, prétextant qu’il ne l’aimait plus, et que de toute façon, l’amour à distance, ce n’était pas pour lui. Elle, n’avait jamais cessée de penser à lui. Les premiers jours d’abord, les plus difficiles. Les premières nuits, les plus atroces, sans lui. Mais le temps peut tout effacer, et elle avait finie par apprendre à vivre avec. Ou plutôt sans. La vie continuait, il ne donnait pas de nouvelles. La seule différence, peut-être, était qu’elle n’était plus capable de toucher un autre homme. Elle était bien consciente que jamais un autre que lui ne la ferait autant vibrer, que jamais un autre homme ne la rendrait aussi heureuse dans le malheur.
Elle avait beau dire, elle aussi, ne plus l’aimer, se remettre en couple était une chose impossible pour elle. Tous les le lui rappelait, sans cesse.
Petit à petit, les lettres enflammées échangées entre eux avaient été remplacé par des lettres de ses amies. Elles ne lui procuraient pas autant de joie et de plaisir, mais, jamais elle n’aurait été capable de l’avouer. Les moments passés ensemble furent eux aussi remplacés par des moments entre amies. Là encore, ce n’était pas pareil, mais ça lui convenait.
Ce n’est que lorsque durant cette nuit d’hiver, à l’approche des fêtes de Noël, elle avait appris son retour, qu’un flot de souvenirs, de sentiments, de sensations, revinrent.

Lui, c’était autre chose. Sa vie lui avait appris à se séparer des gens aussi vite qu’il s’y était attaché. Alors, quand il a appris la nouvelle, il ne fût que moyennement triste de devoir tout laisser, et avait peut-être même un brin d’excitation à l’idée de pouvoir désormais réellement faire tout ce qu’il voulait.
Il avait beau refuser de se l’avouer, il l’aimait. Depuis qu’il l’avait rencontrée, depuis leur premier baiser. Plus personne d’autre ne comptait à part elle. Et pas une seule seconde ne passait sans qu’il pense à elle, même à des kilomètres. Il savait pertinemment qu’elle l’avait oublié, qu’elle était passée à autre chose. Mais pour lui c’était absolument impossible. Parce-que son cœur battait pour elle, parce-que même dans leurs malheurs ils étaient heureux.
Mais encore et surtout parce qu’aucunes lettres d’amis, ou autre visites, n’aurait pu remplacer les siennes. Parce-que personne n’aurait pu la remplacer. Il disait qu’il ne l’aimait plus, que c’était mieux ainsi. Lui qui était si franc, si droit, comment pouvait-il trouver la force de se mentir aussi durement à lui-même ? C’est peut-être ça qui l’a poussé à la vouloir auprès de lui quand enfin il expira pour la dernière fois.

Ce soir de Juillet, ça c’était mal passé. Comme souvent pendant les vacances, il abusait de tout ce qui doit être consommé avec modération. Et ce soir là, l’abus d’alcool et de tabac l’avaient mis en mauvais état. Mais c’est seulement tard dans la nuit que les véritables ennuis commencèrent. Il suffoquait, toussait, crachait du sang, et n’arrivait plus à respirer… Voilà comment il s’est retrouvé aux urgences cette nuit là. Et voilà surtout comment tout à commencé. Une simple radio des poumons, la routine, avait mise en évidence une mystérieuse tâche blanche.
Des mois durant, ses crachements de sang continuèrent. Jusqu’en novembre. Où cette fois encore, l’abus, l’extrême, le dépassement de ses limites auxquels il devenait habitué, l’ont conduit à l’hôpital en pleine nuit. La tâche était encore là. Et les médecins commencèrent pour la première fois à employer des termes à la fois compliqués et terrifiants. « Adénocarcinome Grade II » ; « Chimiothérapie » ; « Radiothérapie »… Ils n’en étaient pas sûrs, mais ils suspectaient un cancer du poumon.
Lui, il n’avait pas peur. Il se plaisait à répéter que ce sont les mauvaises graines qui résistent le mieux. Il était toujours optimiste. Il était sûr de guérir. Et même en ce début d’après midi frais de Janvier, quand les médecins lui annoncèrent la nouvelle, il continuait d’espérer. C’était assez bizarre, comme lui, en somme. Jamais il n’avait pleuré, jamais il n’avait réellement déprimé. Alors il avait pris l’annonce de son décès futur comme l’annonce d’un problème à régler parmi d’autres. Le seul changement, peut-être, était cette décision qu’il avait prise de tout quitter, tout laisser, pour profiter enfin de la vie, de ses derniers moments, pour lui.

Il ne mit que quelques jours à tout préparer. Une semaine après l’annonce des médecins début janvier, il annonça son départ à ses amis, et à sa famille. Famille qui accepta l’idée. Sa famille comptait peu pour lui, il s’en était toujours senti plus ou moins exclu, et quand ils étaient ensemble, il avait l’impression d’être de trop. Alors les abandonner malgré ses dix-sept années était plutôt un soulagement pour lui. A ses amis il expliqua, froidement, et sans une once d’émotion, qu’il allait partir loin et que l’on ne le reverrait plus jamais.
De Février à Avril, il était en Australie. Depuis le temps qu’il en rêvait.
D’Avril à Octobre, en Amérique, depuis le temps qu’il en entendait parler.
D’Octobre à Décembre, en Irlande. Depuis le temps qu’il voulait y retourner…
Il aurait voulu, je crois, y mourir. Il aurait voulu, je pense, écrire ses mémoires. Il aurait voulu faire de grandes choses et laisser une trace. Lui, le petit bonhomme un brin misanthrope aurait voulu que jamais on ne l’oublie. Mais, au fond, ne dit-on pas qu’à partir du moment où l’on nait, où l’on côtoie des gens, on laisse une trace ?

Ce n’est que ce petit matin de Décembre que tout avait réellement basculé. Ce matin là, il avait senti. Il a senti que c’était le début de la fin. Que s’il ne mourrait pas dans les heures suivantes, alors ça ne tarderait plus. C’est pourquoi il remit en cause toutes ses décisions précédentes, et décida de se faire rapatrier en France. Non pas chez sa famille, mais à Nantes, au Centre Hospitalier Universitaire, où elle pourrait venir le voir. Pour la première fois, il avait peur de partir « là-bas » sans l’avoir revue. Peut-être qu’elle n’acceptera pas. Peut-être qu’il décèdera avant. Peut-être a-t-elle déménagée, refait sa vie. Et voilà comment un flot de souvenirs, de sentiments, se sensations, revinrent.

Le lendemain matin, après une nuit infernale et douloureuse, il a réalisé qu’il s’était trompé sur elle, comme toujours. Parce-que lorsqu’il ouvrit les yeux, elle était là. Assise sur une chaise dans cette chambre d’hôpital, à le regarder.
Lui, il n’avait plus la force de parler. Et quand bien même il l’aurait pu, il ne l’aurait pas fait. Parler aurait engendré moult disputes inutiles à propos de tout et n’importe quoi, et il voulait simplement la voir, et l’avoir auprès de lui. Sentir sa présence, son parfum, s’apercevoir qu’il la trouvait toujours aussi belle et séduisante.
Elle hésitait. Elle savait que parler d’eux les rendraient malheureux, encore, alors elle lui parla de tout, et de n’importe quoi. Comme il refusait tous les autres visiteurs, c’est elle qui lui passait les messages. Elle lui montrait des photos, lui donnait des nouvelles. Elle arrivait à lui arracher des sourires, à le faire rire, comme avant, au début, tout au début.
C’est certainement cela qui le fit penser qu’il avait pris la bonne décision. Plus encore, il se sentait presque heureux de l’avoir rien que pour lui. Jamais un mot doux ne fut prononcé, jamais elle ne lui dit qu’elle l’aimait encore, et réciproquement. Mais sa présence dans cette chambre parlait pour elle. Sa fierté inébranlable l’empêchait de l’avouer, elle en arrivait même à se demander pourquoi elle était là, si tout ceci était vraiment utile, si ça avait un sens. Mais ça la rendait heureuse… Peut-être parce qu’il se taisait, parce-que sa franchise était muette, parce qu’il n’abordait plus les sujets qui la mettait en colère. Peut-être parce qu’au lieu de lui répéter qu’il l’aimait sans le prouver, il le lui prouvait sans le lui dire. Et elle trouvait ça merveilleux.

Ca manège dura cinq jours. Cinq jours où, comme à chaque fois qu’ils étaient ensemble, ils ne virent pas le temps passer. Ils étaient dans leur cocon, coupés du monde extérieur. Et même sans contact physique, sans mots touchants, ils étaient biens. L’amour était dans leurs yeux, leurs sangs, leurs âmes. Leur amour à eux, ce n’était pas seulement des baisers, des câlins, ni des heures à s’essouffler dans un lit. C’était bien plus que ça. Ils étaient liés, par quelque chose d’inexplicable, et qu’ils n’avaient jamais connu avant. Comme deux aimants et amants.
Le cinquième jour, tout fût différent. Quand il se réveilla, il avait besoin de la toucher. Il voulait qu’elle s’approche, qu’elle lui parle, qu’elle lui offre quelques gestes de tendresse, pour la dernière fois. Alors il puisa dans ses ultimes ressources pour prononcer quelques mots, et, c’est avec un sourire emplit d’émotions qu’elle s’exécuta, et s’assit auprès de lui, sur le rebord du lit. Peut-être avait-elle compris que c’était la fin. Et peut-être était-ce pour ça qu’elle avait les yeux humides. Elle lui dit que quoi qu’il arrive elle serait toujours là, dans son cœur, et elle évoqua les bons souvenirs qu’ils avaient en commun. Jamais ceux passés en tant que couple, mais plutôt leurs moments de complicité passés, ou les fous rires qu’ils avaient pu avoir, avant. Il était ému, mais il n’osait pas le montrer. Sa fierté maladive lui empêchait encore et toujours de montrer ses sentiments. Il avait envie de lui parler, mais il ne pouvait pas. Bouger non plus, il ne pouvait plus. Alors il la laissa faire.
Ainsi elle serra sa main aussi fort qu’elle le pouvait. Elle se pencha pour l’embrasser, encore une fois. La dernière fois. Pour la première il ferma les yeux durant un baiser. Il savait certainement qu’il ne les rouvrirait plus jamais. Et de battre son cœur s’est arrêté quand elle effleura ses lèvres.

Celui qui a dit que ce sont les mauvaises graines qui résistent le mieux avait oublié le désherbant.

Le désherbant. 1/15 11/12/2010 à 18:33
Excellent mais tu as quelques fautes à corriger.
Le désherbant. 2/15 11/12/2010 à 19:26
D'orthographe ?
Ca c'est fort possible ^^

Le désherbant. 3/15 11/12/2010 à 19:29
Free-Hugs a écrit :

D'orthographe ?
Ca c'est fort possible ^^




Oui ^^
Le désherbant. 4/15 11/12/2010 à 19:30
D'ac, je donnerais ça à ma prof' de littérature pour qu'elle corrige ;)
Le désherbant. 5/15 11/12/2010 à 19:31
Je trouve ta nouvelle très bien écrite et je n'ai pas eu envie de m'arrêter de lire Smile. J'ai beaucoup aimé le fait que le garçon revienne pour elle à Nantes. Il y a une vraie émotion au sein du texte. Et la fin m'a mis un pincement au coeur.

Le seul petit reproche que je pourrais faire c'est la concordance des temps qui n'est pas toujours respectée mais peut-être que tu l'as fait exprès. Ce n'est pas vraiment dérangeant mais j'ai juste un peu butté dessus. xD


Le désherbant. 6/15 11/12/2010 à 20:00
bon, je suis dans ma phase déprime weekendiale, donc ton texte m'a fait monter les larmes aux yeux Papillon
tout simplement magnifique, émouvant, sans pour autant tomber dans le kitch ou dans le déjà-vu.

Bref, une merveille ! Smile
Le désherbant. 7/15 11/12/2010 à 20:27
Bon, tu as un avenir tout tracé d'écrivain. Et a succès avec ca!

bon OK un peu de sérieux.
J'ai adoré ton texte Very Happy
Le désherbant. 8/15 11/12/2010 à 20:38
J'ai adoré.... pas d'autres mots
Le désherbant. 9/15 11/12/2010 à 21:55
Je suis pas de l'avis des autres, ça m'a pas franchement emballé. Trop niais, sirupeux à souhait et trop rapide. M'enfin ça devrait suffire pour un concours.
Le désherbant. 10/15 11/12/2010 à 22:51
Une petite remarque... non, une question plutôt:
A un moment donné de ta nouvelle (Je cite: Il aurait voulu, je crois, y mourir. Il aurait voulu, je pense, écrire ses mémoires.), tu introduis un "je" (narrateur). Est-ce voulu, étant donné que l'on retrouve ce "je" seulement à cet endroit ?
Si oui, je te conseille de regarder pour qu'on le retrouve à d'autres endroits. Pas besoin de savoir qui est ce "je" (selon mon point de vue, du moins), mais au moins que notre compréhension n'en soit pas lésée. (Hey ouais, parce que pour moi passer d'un narrateur qui n'apparaît pas dans l'histoire à un narrateur qui nous donne son avis, ça fait un sacré choc Mr. Green )
Si non, supprime tout simplement ces "je". Cela ne modifie pas le sens de la phrase.

Sinon très beau texte, bien construit.
Voilà mon humble avis, libre à toi de le suivre ou non. (Et si tu as des éventuelles questions sur un de mes propos, n'hésites pas à m'envoyer un MP)
Le désherbant. 11/15 12/12/2010 à 16:07
Frosties a écrit :

Je suis pas de l'avis des autres, ça m'a pas franchement emballé. Trop niais, sirupeux à souhait et trop rapide. M'enfin ça devrait suffire pour un concours.



Je rejoins cet avis. Bien trop simple aussi, à mon goût.
Le désherbant. 12/15 12/12/2010 à 16:14
Magnifique.
Je suis stupéfiée, tu as clairement du talent, j'ai plus qu'aimé ton passage. Je l'ai adoré. C'est triste, c'est émouvant, ça parle de beaucoup de choses tout en restant sur un même thème... Sérieusement j'adore.
Il n'y a que ça à dire. C'était splendide. Continue.
Le désherbant. 13/15 12/12/2010 à 16:52
J'ai pas trop accroché au début, mais j'aime bien le fait que tu reprennes le début à la fin, et le jeu de mot qui explique le titre. Je trouve que tu écris bien, malgré quelques fautes peut etre et quelques passages lourds ( je pense par exemple à "les le lui rappelait" ), mais personne n'est parfait ;)

Bonne chance pour le concours. ;)
Le désherbant. 14/15 12/12/2010 à 23:24
Pour moi, ça fait trop copie de "Deux jours à tuer".
Dommage, y a du bon cependant.
Le désherbant. 15/15 13/12/2010 à 21:41
Moi, j'aime beaucoup... Ça me fait penser a mon meilleur ami, qui lui aussi a un cancer... C'est peut-être pour ça qu'il m'a autant touchée ?
En tout cas, bravo. Continue !
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