Errance & abandon

Joke Air

Errance & abandon

12

07/03/09 à 16:51

Elle erre, cette poupée de chiffon, ballottée par les vents. Mille aiguilles sont plantées dans son corps. Elle chante, chante un doux abandon.

Je regarde le ciel, les yeux noircis par un manque cruel de sommeil. Je chante une fois encore. Un vent gelé me glace le visage, me le fouette. Je regarde au loin par cette fenêtre ouverte qui donne sur les champs.
Mon frère fait irruption derrière moi, je me retourne, le regarde.
« Emmène-moi, loin… Loin de tout. »
Il n’en faut pas plus. Il sait ce que je veux. Sa main chaude se glisse dans la mienne. Nous sortons, comme à chaque fois que je veux m’en aller, de ce nuage de solitude qu’est l’immeuble. Je m’assois sur la selle, m’accroche à lui. Bonheur éphémère, échappatoire bref à ma solitude et ma tristesse.
La vitesse m’entoure, je me laisse emporter. Ma vie ne tiens plus qu’à un fil, la sienne aussi, d’ailleurs. Un galet, et tout est fini. Mais j’ai besoin de me savoir si fragile. Je repense à ce moment, mes larmes s’envolent dans le vent. Elle est loin maintenant. Ma vie aussi, tout ce qui me fait souffrir est resté là-bas, dans ma ville.

Elle souffre, cette porcelaine qui manque de se casser à chaque fois. Mille morceaux parsemés sur le sol si jamais elle tombe. Elle est perdue, perdue dans ses tristes pensées.

Le sifflement de l’air s’estompe, puis se tait. Je descends. Je ferme les yeux, pour devenir aveugle, oublier qu’on m’a tant heurté, mutilée. Le murmure de l’eau m’emporte. Je me sens si vivante, mais tellement fragile, à vif. Mon frère s’assoit à mes côtés. Il n’a pas besoin de mots, il sait se taire. Il sait combien je souffre, il endure avec moi. Depuis le moment où nous sommes nés, ensemble, il sait quoi faire, comment se comporter avec moi. Les gouttes continuent de perler, coulent sur mes joues, avant de s’unir au ruisseau. Je m’envole avec le brise, coule avec l’eau, m’enracine avec les arbres, brûle avec le soleil qui se couche. Je m'efface, mon corps n’est plus. Ma souffrance s’envole, le temps de l’embrasement de l’astre qui nous réchauffe.

Elle est si fragile, cette rose sauvage. Mille pétales se fanent à la lueur du soir. Elle saigne, son corps saigne.

Il me prend dans ses bras, me murmure la fin de ma tristesse, me promets que ça va aller. Je le laisse me mentir, ses paroles sont tellement belles. Elles décrivent ce que je voudrais qu’il se passe, ce que je voudrais que le vent emporte. Je me retourne, remonte sur la selle. Je sais que je réussirais à revivre. Même si la peur est là, même si je dois encore pleurer. Nous retournons dans la ville, où aucun rêve n’est permis, où l’amour se voit enfermé, pour ne plus être qu’une illusion.

Il se brise et se recolle, son cœur. Mille battements lui sont permis, mille éclats de douleurs lui sont offerts. Alors il bat, avant de s’arrêter, pour redémarrer de plus belle.

Frosties  

Joke Air  

Skwi  

Joke Air  

Chapeau pointu  

Joke Air  

Belle du Singe  

Joke Air  

Errance & abandon

10/12

08/03/2009 à 12:55

4 appréciations positves et 2 négatives.

Joke Air  

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