Intuition et belles bagnoles

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X_OriiOus Intuition et belles bagnoles 0 23/01/09 à 19:30

John Hoke jette un coup d'œil mélancolique par le fenêtre du poste-frontière...« Toute ces études, tout ces efforts pour cela,si au moins il se passait quelque chose ici.» se dit-il...
Il est vrai que ce jeune policer fraichement émoulu de l'Ecole de Police de Los Angeles a de quoi se plaindre...beau garçon, une coiffure à la Brad Pitt, et des yeux d'un bleu profond, arrivé premier de sa promotion, son premier poste est un poste frontière minable sur la route reliant San Diego à Tijuana. Son seul collège se nomme Wally Fischer, et est une véritable caricature du flic américain; il est gros, paresseux, adore les beignets et il y a tendance a prendre John pour un gamin a qui il faut tout apprendre.

En arrivant, John est tombé de haut quand il est arrivé au poste-frontière 51, quand il vit que Wally fermait les yeux sur la moitié des trafics du coin, histoire d'arrondir ses fins de mois.
Du coup son job consistait tout simplement à faire quelques contrôles de routines et à prendre les, pots de vin de Wally, dont il refusait les 25% royalement proposé par ce dernier, étant décidé à garder un minimum de dignité.
«Au moins, je ne suis pas du côté mexicain...chez l'aduana, ils participent aux trafics » Il est vrai qu'a a peine cent mètres se trouvait la douane mexicaine, eux contrôlaient leurs entrées, et même chose pour les Américains, cela évitait de contrôler deux fois le même véhicule, même si ce n'est pas la route la plus fréquentée de l'Ouest. Le tout dans un paysage de western spaghetti, sec et aride, parsemé de cactus et quelques touffes d'herbes disparates.

Un jour comme tant d'autre, alors que je venais de prendre mon service, je posais les habituelles « Où êtes vous né? » et « Avez vous quelque chose a déclarer? » a toutes les voitures de la file, je vis Stephen Van Horn.
Immédiatement, j'eus le pressentiment qu'il manigancer quelque chose. Il roulait en direction du Mexique dans une belle décapotable verte. Le personnage lui même était beau, les cheveux bruns et lisse laissés négligemment en arrière, des lunettes de soleils posées devant les yeux ainsi qu'un bouc très soigné lui donnait un style bobo décontract. Sa radio était branchée sur une station de San Diego qui, diffusant du rock, faisait grand vacarme dans les files du côté mexicain. Le tout était trop voyant, comme un prestidigitateur détournant l'attention du public. Je le regarda passer, le fixant s'en allant au loin, sans oublier de noter sur son calepin le numéro de la plaque minéralogique.
Le lendemain soir, j'avais totalement oublié la décapotable verte. Ce n'est que le samedi suivant que tout me revint en mémoire, et a peine l'avais-je aperçu, que j'avais déjà appelé les mexicains pour qu'il fouillent la voiture.
Quelques instants après avoir rempli la paperasse nécessaire, il jeta un coup d'œil dehors, où il vit les mexicains, dans leurs uniformes verts kakis, démonter les portières, regarder dans le coffre, dans les sièges...
Stephen Van Horn se tenait l'écart,l'air très décontracté, fumant une cigarette. Il était grand et mince, arborant, pour autant qu'il puisse en juger, une arrogance et léger j'en-foutisme très juvénile. A l'époque, je ne connaissait bien évidemment pas son nom.
J'eus beaucoup de travail avec les voitures a ce moment, et ce n'est qu'un heure plus tard que je put regarder de nouveau en direction de l'aduana, la décapotable démarrait en laissant un nuage de fumée noire derrière elle. Ainsi les Mexicains n'avaient rien trouvés... c'était peut-être aux USA qu'il passait de la marchandise en fraude. Il en parla a ses collègues, laissa un message pour l'équipe de nuit et fit passer un avis de recherche à tous les postes frontières, incluant la description de la voiture, ainsi que le numéro d'immatriculation.
Durant une semaine personne ne le vit, silence radio sur toute la frontière.
Mais le samedi soir, je le revis passer la frontière dans la même décapotable verte, le sourire aux lèvres
Je resté bouche bée. Cela voulait dire que cet homme avait trouvé le moyen de rentrer aux Etats Unis en ne passant par aucun des postes frontières qui longe le Mexique. Je téléphona a mon supérieur pour savoir si on avait pas oublier de nous signaler une rentrée, mais une demi-heure plus tard, nous avions la confirmation qu'aucune voiture correspondant a la description n'était rentrée durant la semaine. Mon boulot consisté a trouver le « trou » et a le boucher.
Un coup de fil au bureau d'enregistrement me permit de savoir le nom de Stephen Van Horn, et son adresse a San Diego. Son appartement fut mis sous surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il fut absent jusqu'au mercredi soir, il rentra la décapotable au garage et monta chez lui. A part les sorties inévitables pour la ravitaillement, Stephen ne sortait jamais de chez lui. Puis, samedi, il repassa la frontière, suivi par une voiture rempli d'agents.
Je regarda la scène d'un œil satisfait, mais une heure plus tard, il revinrent: il l'avait suivi jusqu'à l'Avenida Revolucion, mais prit dans des embouteillages, il les sema au niveau de la Jai Commuñista.
Je fus autant déçu qu'il étaient furieux, étant persuadés qu'il avait effectué cette manœuvre dans le seul but de les semer, ils réclamèrent un mandat de perquisition.
Deux heures plus tard, ils l'avait, et si l'homme ne possédait chez lui ne serait-ce qu'une demi graine de marijuana, il pouvait s'attendre à de graves problèmes. J'eus la permission de les accompagner.
Quand l'homme rentra chez lui le mercredi, nous l'attendions. A l'expression surprise qu'eut son visage lorsqu'on lui présenta le mandat, il était clair que sa manœuvre à Tijuana n'avait rien d'intentionnel.
Nous inspectâmes sa voiture, et la trouvâmes nickel, absolument nickel. Tout était parfaitement propre, même le cendrier. Pendant que nous démontions sa voiture, il n'était pas aussi a l'aise qu'a l'aduana, car il savait que celle ci n'avais rien d'habituelle, contrairement a celle de la frontière.
Ne trouvant rien, nous repartîmes comme nous étions venus.
Quelle surprise de le voir repasser samedi à la douane, et quelle surprise de le voir s'arrêter de lui même! Nous apprîmes qu'il avait rempli toute les formalités pour avoir un permit de séjour au Mexique, et rempli toute les conditions pour que celui ci soit de longue durée. Nous lui avions fait encore plus peur qu'on ne le croyais! Je le vis s'arrêter a l'aduana, remplir les formalités mexicaines, puis s'éloigner... »on ne le reverra pas de sitôt »pensais-je.

Au cours des mois suivant, je repensa souvent a Stephen Van Horn, et à quel trafic pouvait-il s'adonner? Mon instinct m'avait-il trompé? Non...il n'aurait pas prit la fuite...
Il resta longtemps pour moi « celui-qui-est-passé-a-travers »
Il était le seul, pour l'instant, dans ma carrière a être passé à côté de l'arrestation, alors que sa culpabilité ne faisait aucun doute.

Plusieurs années passèrent avant que je ne revis Stephen Van Horn.

Chaque année, à Ensenada, il y a une course de yacht. A chaque compétition, le nombre de participants varié entre trois cents et quatre cents.
C'était une bonne occasion de se décontracter pour le jeune et tout nouveau commissaire de San Diego. En effet, ma carrière décollait enfin, et j'étais venu me changer les idées au milieu de la foule.
Au moment où je garais ma voiture, j'aperçus Stephen Van Horn! Avec le temps, son souvenir s'était estompés, mais tout me revint en un flash.
Je ne sus que penser, c'était bel et bien lui, tout était semblable, les cheveux, les lunettes, le bouc...
Puis, jugeant que de toute manière cette affaire n'était plus de son ressort, je me dirigea vers lui. Je m'approcha doucement dans son dos et lui souffla « Stephen Van Horn ,vous êtes en état d'arrestation... »
Il eu une peur bleue, qui ne s'arrangea pas quand il me vit. J'éclata de rire et lui demanda:
- »Vous vous souvenez de moi?
Son air mécontent m'indiqua qu'il m'avait bel et bien reconnu, et je le vis sonder la foule a la recherche d'autres « connaissances »
-Je suis simplement venu pour la course, je n'avais absolument pas prévu de vous rencontrer »
Cela sembla le rassurer, et nous regardâmes ensembles les courses de bateaux. Il devenait de plus en plus amical et parla de lui.
Il était propriétaire d'un hôtel luxueux à une quarantaine de kilomètre de Tijuana, et il envisager d'acheter un bateaux, d'où sa présence à la course. Il me proposa même de passer chez lui si un jour j'étais dans les parages.
Et, de but en blanc, je lui demanda:
- « C'est l'argent de la contrebande qui vous a permit tout cela?
Depuis le début je voulais aborder le sujet, et je savais que je n'y arriverais pas en faisant le malin autour du pot.
Il eu un sourire de surprise devant ma franchise. Et me répondis finalement:
-J'veux pas signer ta déposition ! dit-il en empruntant le ton des gangsters de série B, puis après quelques instants de réflexion il hocha la tête, oui c'est bien la contrebande qui m'a procuré les moyens.
-Vous n'en faite plus?
-Non, j'ai arrêté dés que vous avez fouillé mon appartement.
-J'ai peine a vous croire...rare sont ceux qui savent s'arrêter à temps.
-Je me suis promit d'arrêter dés qu'il y aurait des soupçons sur moi. Vu que vous avez eu le flair, c'est ce que j'ai fait. »
Nous achetâmes des tacos a un marchand ambulant, et nous continuions de parler en déambulant:
-Dans ce cas...vous ne verriez pas d'inconvénients a me raconter comment vous arriviez a repasser aux Etats-Unis alors que tout les postes-frontières vous guettaient?
-Non, pas le moindre, me fit-il avec un grand sourire, je passait la frontière à pied chaque semaine, en rangeant mes plaques sous ma veste. C'était les décapotables verte que je vendait, une neuve chaque semaine!

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