Bleu senti sous la peau au moment d’un baiser

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MeeToo   Bleu senti sous la peau au moment d’un baiser 1 14/11/09 à 23:11

Il m’attend. Debout. Il observe mes jambes. Comme pour me rattraper en cas de chute. Je suis sûrement une poupée de chiffon prête à se déchirer. Ce doit être ce qu’il pense de moi. Et comme je n’existe que grâce à sa présence, je suis ce qu’il a décidé. Pour tout le monde, je ne suis qu’une surdouée. Petite parmi les grands. Je m’évertue à éviter d’embêter les gens. A m’effacer pourquoi pas ? Et le reste est pour lui. Il est un buvard. Absorbeur des sentiments que je déverse. Dans la voiture. Sourcils froncés, il fixe la route. J’arrive à m’ouvrir à lui parce que j’ai la sensation qu’il ne m’écoute pas. Ou du moins qu’il ne peut pas m’écouter. Alors je saigne tout ce que je peux. Je saigne ma tête. Écoule le flot de questions, de pensées. Pour ne pas m’étouffer moi-même. De temps en temps il hoche la tête. Comme n’importe qui ferait en m’écoutant. Il me jette hors de la voiture en m’envoyant à la figure des bonnes paroles. Des mots d’amour. C’est faux. Mais ce n’est pas à cause de moi. Je le sais. Il m’aime. J’en suis certaine. Alors qu’a-t-il ? Humeur du jour. Séparation. Perpetuelles engueulades avec les parents qu’il ne voit que deux jours sur sept. Je tente d’apercevoir ses deux grands yeux dans le rétroviseur. Mais rien. Tant pis.
Au réveil, l’odeur de tabac à rouler me chatouille le nez. Il est là. Il me regarde. Je fais semblant. Mais à travers mes cils, je le vois. Et il ne le sait pas. Il fait danser la fumée au-dessus de lui. Sa seule compagne. Il doit se sentir seul pour venir me voir dormir. Je suis son spectacle. Actrice. Comédienne. Je suis ce qu’il décide. Et si je me réveillais ? Regard. Il se lève et s’en va. Je l’entends parler seul. Une voix brisée. Cassée. Déchirée. Et tous les mots en « ée ». Même s’il ne veulent rien dire. Je m’en vais. Je deviens une espionne. Il tient son visage dans les mains. Comme s’il allait tomber. Où comme s’il mettait un masque et qu’il veillait à ce qu’il reste en place. Pourquoi se cache-t-il derrière ? Toujours ces questions. Allez vous en ! Allez vous en ! Au fond, je ne veux peut-être pas savoir…

Je l’ai suivi jusqu’au bar où il prend son petit déjeuner. Café brûlant et éternelle cigarette. Solitude oppressante. Mécanisme incessant. Ouvrir les lèvres, puis les fermer. Comme pour parler. Sans personne en face. La peine m’envahit. Non. Je ne dois pas. Mes yeux sont là pour observer. Ma bouche pour se taire. Tout mon corps pour encaisser. Le cendrier tourne sur lui-même. Danse étourdissante. Qui n’en finit plus. Comme pour évacuer sa colère. Pourquoi cette colère ? Le bruit du plastique sur la table. Echo désagréable dans mes oreilles. Soudain, il leve les yeux. Eux qui regardaient avec insistance le sol poussièreux. Des chaussures claquent sur le trottoir d’en face. Deux jolies chaussures de filles. Deux belles jambes, très fines, traversent la route. Elles s’abritent sous la table, à l’ombre, et frolent celles de mon frère. De longs doigts tapotent une cuisse que l’on aperçoit presque. Et des lèvres bougent. Sans sons. Je veux savoir ce qu’elle dit. Ce qu’il dit. Ce qu’ils disent. Tant pis.
Quand je l’observe, je me demande s’il connaît sa vie. Ses autres aventures. Je me demande à quoi elle joue. Si elle a un jeu particulier. Pourquoi elle voit tant d’hommes dans ces cafés. Pourquoi elle porte cette même robe bleu. Tous les jours. Tous les jours. Je me demande pourquoi elle est si belle et pourquoi les gens la regarde avec insistance. Ces pourquoi m’assaillent. Et je les garde dans le bordel de ma tête. Hop. Pour plus tard.
Il crie. Les gens le regardent, ahuris. Il insulte. Il crache. Sur elle. Sur sa robe bleu. Sur ses cuisses presques nues. Sur ses chaussures de fille. Il s’époumonne. Elle le regarde en souriant. En passant la main dans ses cheveux. Toujours avec le sourire. Qu’a-t-elle fait pour qu’il s’énerve tant ? Cela ne la touche pas? Je doit être trop petite pour comprendre ces choses là. Pourtant je vois. Qu’il va mal. Sur son visage, des cernes. Sur son corps, des marques. Dans ses yeux, le désespoir. Il tape la table. Ses poings se crispent. Je ne peux décrire cette colère sans me faire du mal. J’encaisse. J’attrape les insultes. Je mange les mots qui font mal. J’apprends à être en colère. Moi, je n’ai personne sur qui crier. Il est parti tête baissée. Sans regarder autour de lui. Evitant les regards. Il a pris sa voiture. Et je l’ai vu s’éloigner. Vers chez nous. Vers chez moi. Et j’ai décidé de rester avec la fille à la robe bleu. Elle est belle. Je ne sais pas pourquoi. Elle est juste belle. Jolie, sublime, magnifique, et d’autres mots qui veulent rien dire au fond. Elle a l’air heureuse. Elle fume une cigarette très fine. Elle écrit. Sur une feuille blanche. J’aimerais savoir ce qu’elle écrit. Elle glisse la lettre dans une enveloppe, la range et s’en va. Et je rentre chez nous. Chez moi. Et j’attends une lettre. En esperant que celle écrite de sa main est pour lui. En esperant pouvoir la lire. J’espère. J’espère. Très fort, très fort.
Il s’enferme dans son antre. Il met la musique des gens de son âge. Ceux qui font la fête. La musique qui fait « boum boum boum ». Ces chansons qui répètent le même son pendant quarante minutes. Je n’entre pas. Je n’ose pas. Et puis, il a peut-être besoin de ça. Qui sait ? Même moi, je peux le comprendre. Même si mes parents disent que je suis un peu dérangée. Un peu. Ce « un peu » sonne faux. Très faux. C’est peut-être avec ce « un peu » qu’ils se réconfortent. Mais dans cette histoire, ils ne sont pas là. Ils n’existent pas. Parce que de toute façon je n’existe que pour mon frère. Il me donne un rôle. Mais depuis quelque temps… je ne suis plus rien. Alors j’attends. Je lui fais un café noir avec quatre sucres dedans. Comme il aime. Mais il ne veut pas de sucré. Non. Il ne veut pas ouvrir la fenêtre. Il ne veut pas chanter comme avant. Il ne veut pas. Il ne veut pas. Il doit penser à elle. Il ne pleure pas. Il tape. Il tape en lui-même. Il se détruit. Il n’accepte même pas un sourire de moi. C’est tout.
Mes yeux se baladent entre des phrases écrites à la main. Une écriture sauvage, difficile à lire, comme celles des docteurs que j’allais voir. Des mots compliqués. Des mots très compliqués. Difficiles à déchiffrer. Comme léthargique, impondérabilité, maison, chocolat. En fait ils sont tous pareil. J’essaye de comprendre. En vain. J’entends un « ploc » dans la cuisine. Du moins je l’imagine. Il a une trace sur la joue qui descend de l’œil jusque sur la table. Quelqu’un a peint un paysage violet en dessous de ses yeux. Et on a creusé un puit sur chacune de ses joues. Il était beau. Avant. Je continue ma lecture. Des fois, je le regarde. Et là, je vois un mot. Qui m’intrigue. Un mot codé. Alors j’essaye de m’imaginer ce qu’il signifie. Parce que c’est la signature. Et si c’est la fille à la robe bleu, je saurais comment elle s’appelle.
- Sarah Isabelle Denise Aude ?
Aucune réaction. Non. Peut-être que ce sont juste des mots que lui seul peut comprendre. Deuxième tentative.
- Silhouette, Idéale, Dérive, Amoureux.
Toujours pas. Il tourne la tête pour me demander d’arrêter. Et là je vois que cet homme n’est plus mon frère. C’est lui, bien sûr. Mais la fille à la robe bleu a envahi son visage et tout son corps. Elle est en lui. Et n’en repartira pas. Il se lève, marche timidement vers la fenêtre. Soupir. Je dois être bien plus que dérangée pour ne pas comprendre ce qui se passe chez moi. Chez nous. Chez elle.
- Dis, tu veux bien me dire ce que ça signifie ?
Son regard veut dire : « de quoi tu parles ? ». J’ai du mal à le dire. Parce que. Ces mots font très mal. Je me demande pourquoi. Silence. Attente. J’y vais.
- SIDA.

Bleu senti sous la peau au moment d’un baiser 1/1 14/11/2009 à 23:23
C'est hyper lourd.

J'aime pas le titre non plus, j'ai cru que c'était un topic sur la santé Ôo et j'me suis forcé à lire le texte car je dois avouer avoir été à nombreuses reprises d'aller regarder le clip de Fantasia : Night on Bald Montain Yeux Bleus que de rester sur ton texte.

D'un côté ton écriture n'est pas dégueulasse. Mais c'est pénible à lire, barbant, lourd, on s'attache pas aux personnages. Bref.

Et même Frosties a eu la flemme de lire Timide

J'te donne un 7/20 moi
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