Neuf clos [ Humour ]

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Pouwette_   Neuf clos [ Humour ] 10 10/06/08 à 22:42

NEUF CLOS

Après un long et sinistre grincement, le rabat du tableau se referma. Le professeur, Monsieur B., scruta lentement le visage de chacun de ses élèves. Après une seconde qui sembla durer une éternité, il se glissa vers la fenêtre et, la tension étant à son paroxysme, la referma. Dès lors, un vent de protestation souffla dans la classe, la moiteur étouffante de l’air devenant insupportable. Alors, Monseigneur A_ _ _ _ _, cas extrêmement précoce d’andropause, revendiqua l’ouverture des fenêtres. A contrecœur, Monsieur B. consentit à en entrouvrir une.

Puis il se dirigea à pas lents vers le bureau, ouvrit d’un geste brusque son cartable, jeta violemment sa pochette – non sans faire sursauter Melle D_ _ _ _ _ _ _ - et, lentement, en extirpa un dossier étiqueté « 1ère S 4 ». Alors, après un long silence, il commença à compter ses élèves. Deux manquaient au compte. Il s’exclama : « Monsieur N_ _ _ _ _ _ n’est pas là ? ». Mais lorsque son regard croisa celui de l’éternel absent, il poursuivit avec un sourire mielleux « Ah, non, il nous honore de sa présence ! »

Soudain, trois coups retentirent dans le silence omniprésent. Monsieur T_ _ _ _ _ _ ouvrit la porte avec son habituelle nonchalance. Monsieur B. s’arrêta net et le renvoya immédiatement dehors, le priant d’attendre son accord pour entrer. Lorsqu’à nouveau les trois coups se firent entendre, un sourire sadique apparut sur le visage du professeur, qui se délectait de faire attendre son élève. Alors, après quelques secondes durant lesquelles la classe, suspendue à ses lèvres, attendait, Monsieur B. prit une grosse voix de circonstance, et prononça le mot tant espéré : « ENTREZ ! ». Monsieur T_ _ _ _ _ _ entra, le visage encore imprimé des plis du drap, bafouillant un semblant d’excuse dans un borborygme inaudible.

Monsieur B. décida que ces futilités n’avaient que trop retardé son cours ô combien important, et dit : « Sortez votre préparation de la LA n°18 ! ». Alors, il inscivit au tableau :

SEQUENCE 34 – LA n°18
Objet d’étude : le mouvement voyeuriste au XXIème siècle
Etude d’une oeuvre intégrale : Le rendez-vous, Christine Angot
« Le Cycle Menstruel »

Chaque élève sortit son exemplaire de ce chef d’œuvre littéraire, sacré « SUPER PROMO INTERMARCHE DU MOMENT ». Monsieur B. se lançait dans des considérations lyriques sur la qualité poétique et la syntaxe parfaite de l’expression romantique des troubles intestinaux de Christine Angot, lorsqu’il fut interrompu par l’arrivée inopinée de Melle B_ _ _ _ _ _ _ _ _ _. Alors que celle-ci s’installait en silence, Melle P_ _ _ _ _ _ _ _, comme désintéressée des tampons de Christine Angot, se glissa discrètement vers la porte. Mais, à la surprise générale, celle-ci était close. Melle P_ _ _ _ _ _ _ _ se retourna, livide, vers le professeur, et dit lentement : « Ouvrez cette porte ». Les traits de Monsieur B. se décomposèrent. Il s’avança vers la porte, et tira sur la poignée de toutes ses forces. Au même moment, on entendit un claquement sec. Les fenêtres et les stores s’étaient refermés, apparemment seuls. D’un même mouvement, tous les élèves se précipitèrent vers les issues de la salle E04, mais celles-ci restaient mystérieusement scellées. Après quelques cris, un silence de plomb s’installa dans la salle. Soudain, un faible coassement se fit entendre. Monseigneur C_ _ _ _ _ _ se hissa sur une table, et déclama :

« Un chant dans une classe sans air…
Le néon plaque en métal clair
Les découpures des visages sombres.
… Un chant ; comme un écho, tout vif
Tapi là, sous le bureau…
-Ca se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…
-Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
près de moi, ton élève fidèle !
Vois-le, prof tondu, sans ailes,
Rossignol de la boue … -Horreur !-
…Il chante. – Horreur !!- Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sur le lino
………………………………………………
Bonjour - ce crapaud-là, c’est elle. »

Cette intervention décrocha un sourire nerveux sur quelques visages.
La tension était palpable, tant et si bien que les élèves commencèrent à ne plus se maîtriser. Ici, Monsieur T_ _ débitait d’un ton mécanique la tirade de Lucky, et là Melle D_ _ _ _ _ _ _ commençait à évoquer l’éventuelle masculinité de Paul Verlaine. Ce fut dès lors un gigantesque capharnaüm, chacun montrant des signes de plus en plus évidents de démence. Cédant à la panique, Monsieur A _ _ _ _ _ tenta de tuer le professeur avec son sac. Derrière lui, Melle B_ _ _ _ _ _ se mit à appuyer frénétiquement sur son buzzer imaginaire, se souvenant d’une ancienne victoire obtenue en se souvenant du titre générique de l’œuvre de Marcel Proust. Elle accompagnait ses gestes répétitifs d’un bruyant bourdonnement des lèvres. Son voisin, Monsieur M_ _ _ _ _ _ _ _, tentait d’échapper à ce bruit insupportable, en se plongeant dans une profonde méditation tout en tripotant sa barbichette qui faisait (presque) de lui un homme. Plus grave encore, Monseigneur C_ _ _ _ _ _ se mit à ranger frénétiquement toutes les feuilles accumulées au cours de l’année dans son trieur débordant. Lorsque Monsieur B. passa près de lui, Monseigneur C_ _ _ _ _ _ le fixa avec un regard vide et répéta mécaniquement « On n’est pas encore potes. On n’est pas encore potes. On n’est pas encore potes… »,puis frappa violemment son voisin, Monsieur B_ _ _ _ _ _ _ _, qui commençait à se coller à lui en souvenir d’une lointaine scène de théâtre dans laquelle celui-ci jouait le rôle d’une folle. Monsieur B. regardait cette Tour de Babel d’un air désolé. En effet, chaque élève, mu par une pulsion instinctive, accomplissait les faits et gestes que leur dictaient leurs corps, sans réfléchir, comme si leurs cerveaux étaient hors d’usage. S’il regardait à droite, il voyait Monsieur B_ _ _ _ se pavaner en chantonnant : « Je suis le Roi Blanc, Je suis le Roi Blanc », et s’il tournait la tête vers la gauche, il voyait Melle H_ _ _ _ psalmodiant de même « Je suis un poisson, Je suis un poisson ». Alors, le professeur chercha du secours droit devant lui, recrutant l’Elève qui n’avait pas encore perdu la tête. Il s’avança vers Monsieur B_ _ _ _ _ _, l’homme qui aimait tellement Monsieur B. qu’il avait tenu à l’avoir deux ans. Mais même celui-ci semblait avoir cédé à la folie générale et fixait ses doigts avec une attention extrême. Alors, cédant peu à peu au désespoir, il se tourna vers Monsieur B_ _ _ _ _, celui qu’il considérait comme le Sauveur de la classe au 3ème trimestre. Mais celui-ci c’était lancé dans une récitation de toutes les connaissances engrangées au fur et à mesure de l’année, dans toutes les matières, ce qui donnait un résultat assez étonnant : « Les théories de Pascal multipliées par le produit scalaire de l’énergie cinétique are equal in la tectonique des plaques avec une passe à dix doigts en deux rebonds mais pas à l’inflation en France durant la 1ère guerre mondiale y los huevos con el carne … ». Au fond de la classe, Monsieur T _ _, Melle S_ _ _ _ _ _ _ et Melle P_ _ _ _ _ se félicitaient et se congratulaient mutuellement pour avoir pris le risque énorme de choisir l’écriture d’invention au devoir type bac. Comme ils se lançaient dans une écriture acharnée d'une sorte d'éloge, ils remplirent une feuille, puis continuèrent sur la table et bientôt se retrouvèrent à écrire sur les murs. Monsieur B., épouvanté par ce spectacle apocalyptique, sentit que quelqu'un tirait sur le bas de sa veste. Il se retourna brusquement, et trouva Melle H_ _ _ _ _ _ agenouillée, le suppliant de l’emmener avec lui en Sicile, sans tenter de la noyer. Gêné, le professeur promit évasivement un demi carambar si elle le lâchait, et tenta de remettre de l’ordre dans sa classe, et d’apporter un peu de sang froid dans cette débauche. Mais à ce moment, couvrant tous les autres bruits, Monsieur B. entendit un charabia incompréhensible. Alors, pour voir d’où provenait cet étrange dialecte, il se retourna et vit Melle B_ _ _, le buste très droit et l’air grave, fredonner ce qu’il prit pour une comptine chinoise : « 聟夋甫豕金益龞 … ». Derrière elle, parlant de plus en plus fort, Monsieur S_ _ _ _, baptisé « le Synthétiseur » en raison de ses copies qui exposaient en une page ce qui aurait du occuper plusieurs copies doubles, subissait au sein même de ses phrases un raccourcissement involontaire et des oublis ponctuels de plus en plus fréquents. Cela donnait lieu à des phrases insensées qui ne laissaient place qu’au strict minimum des mots les plus importants : « Bonjour examinatrice, lecture analytique, Emma rêve balancement binaire lyrisme irréel conditionnel .merci. 2min50 .record. au revoir. ». Melle D_ _ _ _, la découverte de l’année pour ses talents clownesques et son excellent jeu théâtral, grimpa sur sa table et sautilla d’un air affairé en ahanant « Rien à faire. Aide-moi à enlever cette saloperie. Rien à faire. Godot, grouille-toi !!! Vlad, aide-moi un peu ! Rien à faire. ». En prononçant ces paroles, elle bondissait de table en table, allant même jusqu’à marcher sur le torse de Monsieur T_ _ _ _ _ _, endormi.

Tentant de récupérer l’étincelle de raison qui semblait subsister au fond des prunelles de ses élèves, Monsieur B. déclara : « Bien, Bien ! Si le livre de cette chère Christine vous met dans cet état, nous allons passer à un autre classique ! J’emporte toujours avec moi le nouveau Best-Seller commercial de Marc Lévy : Mes amours, mes emmerdes. Il atteint une perfection devant laquelle même Totor ou Flaubert se seraient pâmés ! » Mais, voyant que cette proposition n’intéressait personne et n’avait d’autre effet que d’amplifier le tumulte, il hurla : « J’exige le silence ! » d’une voix tellement puissante que chacun cessa ses « activités ». Le silence s’installa dans la salle. Soulagé, Monsieur B. chuchota : « Très bien ! Maintenant nous allons pouvoir faire le cours que j’avais prévu pour aujourd’hui ! Cette porte se rouvrira comme elle s’est fermée, ne vous inquiétez pas ! » . Puis, il gonfla sa poitrine d’un air important, et déclara : « Aujourd’hui je ferais sans doute le cours le plus important de votre vie. Je vais vous parler du style indirect libre. Posez vos stylos et écoutez bien, car chaque année -je ne sais pourquoi- un lot d’élève ne comprend pas, c’est pourtant très simple ! Regardez : lorsque A parle à B, B rapporte les paroles de A ». Pour accompagner ces explications, le professeur les illustra d’un petit schéma qu’un examinateur aurait qualifié d’un sentencieux : « Occupation non stratégique du tableau ». Il poursuivit : « Mais tandis que B rapporte les paroles de A, Z regarde X, mais X ne l’aime pas et est attiré par W, c’est pourquoi M quitte R et se remarie avec Q parce que si l’on multiplie C par le cosinus de D, E se sent lésé et veux donc avoir sa part du gâteau, c’est pourquoi il est fréquent qu’il se dispute avec F. Pendant ce temps, G et H font de la balançoire et racontent leurs vacances à I qui vient de rompre avec J. K pleure car il a été licencié il y a peu par L, mais A et B se parlent toujours et B rapporte toujours les paroles de A au style indirect. Vraiment, je ne ce comprends pas pourquoi vous trouvez ça difficile ! ». Il s’arrêta et regarda les visages de ses élèves, ahuris devant l’enchevêtrement de gribouillis au tableau, tentant de décrypter le sens caché de ces mystérieux pictogrammes qui devaient leur donner le déclic indispensable à la compréhension d’une chose aussi aisée et aussi naturelle que le style indirect libre. Le silence, qui s’éternisait, fut rompu par Melle L_ _ _ _ _, qui s’enthousiasma : « Oh, c’est beau ce que vous dites ! ». Et Monsieur B., dépité, déclara à voix basse, comme pour lui-même : « Alors c’est inutile… ».

Cette courte phrase fut comme le signal qu’attendaient les élèves pour reprendre leur transe individuelle. Monsieur D_ _ _ _ _ fondit en larmes en pensant à son ex-conquête féminine, et tentait de se reprendre en répétant « Une de perdue, dix de retrouvées. Une de perdue, dix de retrouvées. Une de perdue, dix de retrouvées. Dix de perdues, une de retrouvée … ». A ses côtés, Monsieur B_ _ _ _ _ _, zen en toutes circonstances, demeurait d’un stoïcisme et d’une impassibilité exemplaires. Croyant trouver là un havre de raison et de paix, le professeur s’approcha de lui et l’appela doucement, mais ce dernier resta muet et n’esquissa pas un geste, comme pour mieux s’isoler du chahut environnant. Derrière lui, Monsieur D_ _ _ _ _ _ se balançait doucement d’avant en arrière en poussant de longs gémissements. Melle E_ M_ _ _ _ _, grande révélation du Bac Blanc écrit, et Melle B_ _ _ _ _ _, star du Bac Blanc oral, échangeaient leurs expériences et leurs savoirs respectifs pour tenter de triompher dans les deux disciplines lors du Bac Noir. Une lueur d’espoir naissant en lui, le professeur s’engagea dans l’allée pour s’approcher de cet îlot de raison au milieu du désastre omniprésent. En passant, il vit Melle L_ _ _ _ _ _, Melle N_ _ _ _ _ _ et Melle V_ _ _ _ _, assises par terre, telles des âmes en peine, le visage comme vidé de toute expression. Un fort sentiment de pitié envahit Monsieur B. devant tant de détresse. Mais alors qu’il se penchait pour tenter d’apporter un peu de chaleur humaine à ces trois pauvres jeunes filles, il croisa le regard de Melle Q_ _ _ _ _. Ce regard l’interpella car il n’était pas celui que l’on croise habituellement sur le visage d’une adolescente. Ce regard était dur, froid, et un rictus méprisant déformait sa bouche. Il tendit l’oreille, et s’aperçut qu’elle prononçait des mots, par bribes presque inaudibles : « Tous … les tuer … meurtre … les tuer … tous … ». Dans un sursaut de peur, le professeur se releva, et sentit une goutte de sueur froide glisser le long de son dos. Il marcha péniblement jusqu’au tableau, s’y adossa, et contempla le désastre qu’était devenu sa propre classe. Alors, il frappa de son poing un grand coup sur le bureau, qui retentit comme un glas de cloche. Tous se turent. Monsieur B., les yeux injectés de sang et une veine battant furieusement à ses tempes, déglutit puis dit : « Vous le saviez … vous aviez tout calculé … vous vouliez me pousser au suicide, c’est ça ? ». Alors, il grimpa sur son bureau, et hurla : « L’enfer, c’est la 1ère S 4 !! ». Puis, il inspira un grand coup et sauta de son bureau, la tête la première.

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Bonsoir les SEiens !!! Déjà je remercie ceux qui ont lu jusqu'au bout
Alors, je vous explique on a décidé, toute notre classe de laisser un p'tit souvenir à notre professeur de français . On a donc élaboré cette petite histoire, je précise que toutes les anecdotes sont réelles mais exagérées ^^
Alors qu'en pensez-vous ?
Sachant que notre prof' doit nous lire . . .

Neuf clos [ Humour ] 1/10 10/06/2008 à 23:24
Je post pour faire remonté ce topic par gentillesse (parce que je suis gentil ce soir)

mais j'avouerais que c'est troooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooop long Surprised
Colo_   
Neuf clos [ Humour ] 2/10 10/06/2008 à 23:39
Offrez du café a votre proffesseur aussi, j'pense que ca sera pas negligeable.
Neuf clos [ Humour ] 3/10 11/06/2008 à 00:46
Ouah !
Franchement, c'est plutôt très bien. Vraiment incompréhensible par moment, mais je suppose que c'est voulu, et que les gens qui ont vécu ces anecdotes comprendront.
Sinon je trouve ça bien écrit, même si c'est confus et qu'on ne s'y retrouve pas avec les noms "initiales".

Et juste un tout petit truc, Sartre a écrit "Huis clos" et pas "Huit clos", donc le calembour , même s'il semble justifié, n'a en fait pas de sens =)
Neuf clos [ Humour ] 4/10 11/06/2008 à 00:58
Désolé mais vu l'heure , j'ai pa le courage de lire, mais demain si jpass par ici jle lis promis ! Rire
Neuf clos [ Humour ] 5/10 11/06/2008 à 16:51
J'aime bien. xD
Mais c'est vrai qu'on ne comprend pas tout par moment.
Neuf clos [ Humour ] 6/10 11/06/2008 à 17:03
mdr enOrme j'ai lu parce que là j'ai vraiment tout mon temps, ça m'a bien fait rire excelent vraiment bravo ^^ hihi
Neuf clos [ Humour ] 7/10 11/06/2008 à 17:07
MDr.

Tu es courageuse. Il y a quoi... 10% de SE qui est capable de lire ton passage en entier sans sauter de ligne Smile

Donc tu ne risque pas d'avoir beaucoup de commentaires.

Je précise que dans l'état actuel, je ne suis pas capable de lire ton texte.
Neuf clos [ Humour ] 8/10 11/06/2008 à 18:26
Lol Merci quand même pour vos réponses =)
Ca fait plaisir =D
Et pour le "neuf clos" en fait on a joué sur "huis clos" comme t'as bien compris mais c'était pour créer un décalage sur le fait que le langage est soutenu dans le texte et que justement le titre fait tache xD

Edit : T'inquiètes le café on y pensera xD
Neuf clos [ Humour ] 9/10 11/06/2008 à 19:20
UP =) ^^
Neuf clos [ Humour ] 10/10 11/06/2008 à 19:38
J'ai pas lus je lirais aprés

Huis clos ça veut pas dire enfermé, scéllé ? ?
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