Dépression ~how to.

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

LessThanZero   Dépression ~how to. 17 21/07/08 à 03:57

Je sais pas.
C'est la phrase que je dis le plus souvent en ce moment.
D'abord, parce que je suis complètement perdu, dans tous les sens du terme, et ensuite, parce que les gens arrêtent de vous poser des questions si vous ne savez pas.
J'ai hésité un moment avant d'écrire ici. D'abord parce que je suis presque sur que les réponses que je vais obtenir ne me satisferont pas, que mon entreprise est vaine et inutile, et ensuite, parce que mon orgueil et ma fierté personnelle m'empêchait jusqu'à présent de parler.
Je ne veux pas de compassion, de textes condescendants, ou encore de remarques ironiques.

Au départ, il y a les rires. Je suis la joie incarnée. Je ris de tout en toute occasion, je ne peux pas être sérieux, même quand il le faut et je suis du genre à penser que rien n'est grave. Je me moque des gens qui se croient en dépression ou qui s'inventent des troubles bipolaires. Je suis indépendant, mais toujours entouré d'amis. Je suis gentil avec tout le monde et j'aime les gens. Profondément.
Puis il y a des choses. Des événements, des gens qui meurent, d'autres qui déçoivent et là, tout part en miettes.
Je sais. Ça sonne terriblement série TV de bas niveau, mais c'est la vérité. Vous apprenez ce qu'est être au premier rang à un enterrement, vous haïssez la pitié des gens, vous êtes fort, vous vous battez, même si tout va mal, vous vous défendez de pleurer. Un peu de temps passe, vous retournez à l'école, encore un peu de temps passe, et vous recommencez à sourire. Comme avant. Mais vous savez que quelque chose a changé profondément en vous.
Votre sens critique s'éveille et vous ne supportez plus les gens qui vous faisaient rire. Vous les blâmez, car ils s'inventent une vie tragique. Vous relativisez beaucoup plus les choses. Elles vous semblent moins grave. Alors pendant un temps, vous allez mieux.
Vous changez vos objectifs de vie, car les anciens vous semblent désuets, vous devenez méchant envers les gens, parce qu'ils vous déçoivent. Ils ne savent pas comment agir avec vous, parce que vous êtes fier et vous ne laissez rien paraitre. Et ça vous blesse qu'ils ne devinent pas par eux-même. Égoïstement, vous espérez qu'ils comprennent sans poser de question.
Le temps passe et vous avez perdu des amis, gagné des ennemis, changé. Vous n'êtes plus vous. Plus du tout.
Vous êtes devenu le gars cynique qui juge. Ouais, celui qui se moque des boutonneux dans les couloirs du lycée.
Pourtant, au fond de vous, vous êtes conscients que quelque part, vous n'avez pas tort. Quelque part, il faut quelqu'un qui connaisse la vie, oh oui c'est prétentieux, mais il faut quelqu'un pour leur expliquer que s'engueuler avec son père n'est pas si grave.
Un jour, vous vous rendez compte que les choses ne vont pas si bien que ça.
Que cette stratégie du mec mystérieux qui ravale tout et qui est exubérant, ce gars qui se moque de tout le monde et dont on ne sait rien n'est peut être pas une bonne stratégie.
Peu à peu, vous perdez la confiance que vous aviez gagné. Celle qui vous donnait votre exubérance à tout épreuve, celle qui finalement n'était pas si néfaste, parce qu'elle vous protégeait quand même. Cette force de relativiser, même dans l'adversité la plus totale. Cette force de rire des choses les plus graves qui vous arrivent.
Ce n'est plus une pente, c'est un gouffre. Vous tombez, il fait noir et personne n'est là avec une lampe de poche pour vous montrer où vous allez.
Vous vous éloignez de certaines personnes contre votre gré, vous vous trouvez beaucoup trop intelligent pour fréquenter qui que ce soit. Vous vous trouvez des qualités auxquelles vous croyez et qui ne peuvent pas être remises en cause et vous vous y agrippez. Vous n'êtes plus cynique, vous êtes aigri et méchant, de façon gratuite, mais ça fait quand même sourire.
Vous atterrissez. Au fond. Au plus bas. Vous vous dites que vous pouvez pas tomber plus bas. Ce qui est vrai. Mais vous ne savez pas combien la remontée va vous couter.
Vous faites un bilan. Est-ce que ça vaut encore la peine?
Vous vous sentez incompris et vous l'êtes. Vous pensez à des choses comme le bonheur et vous vous rendez compte que c'est impossible (déjà vu).
Vous déprimez souvent. Vous trouvez que tout est gris. Quand vous riez avec vos amis, vous y pensez, et vous arrêtez de rire, comme si ça ne servait à rien.
Vous perdez le gout de tout, sortir est un défi. Dans les magasins, vous évitez les miroirs, parce que vous vous trouvez laid.
L'espèce humaine vous dégoute. Les gens vous rebutent.
Vous essayez de changer, vous avez de la bonne volonté, pourtant, vous avez l'impression que c'est faux.
Et puis, vous êtes fier. Ah, cette fierté qui vous empêche d'aller vers les gens. Vous n'êtes pas faible. Vous êtes beaucoup trop fort pour ça.
Et vient l'indifférence totale. Vous n'avez même plus cette haine qui vous animait.
Vous vous sentez transparent.

Tous vos atouts disparaissent peu à peu et ces qualités auxquelles vous vous accrochiez s'envolent, comme de la poussière.
Vous pleurez. Vous vous êtes dit que pleurer, ce n'était pas si grave après tout, et vous avez lu dans une bouquin de psychologie de cuisine que c'était bon.
Vous avez une nouvelle liste de lecture sur votre iPod. Elle regroupe toutes les chansons les plus tristes que vous connaissez. Vous l'écoutez en boucle quand vous prenez le bus pour aller au lycée le matin. Et là, vous avez toujours l'impression que les gens vous fixent. Vous êtes même mal à l'aise dans les transports en commun ou vous avez l'impression d'être un bête de foire.
Vous êtes timide de nature alors ça n'arrange pas les choses.
Vous restez quelques mois comme ça et vous vous y habituez. Vous trouvez que le pessimisme est de rigueur et que c'est finalement le seul référentiel auquel vous pouvez vous raccrocher.
Sentimentalement, votre vie ressemble à une série TV du style Grey's Anatomy. Vous refusez toute relation sérieuse et enchainez les one night stand en oubliant la personne le lendemain. Ils ont des sentiments pour vous, mais vous vous en fichez, vous êtres trop fort pour céder à ce truc de merde qu'est "l'amour". D'ailleurs, vous trouvez que l'amour est une grosse connerie. Vous n'y croyez pas. Vous avez été bercé d'illusion et votre monde s'est effondré, vous vous rappelez? C'est là que tout à commencé.

Alors vous avez l'impression que la boucle est bouclée. Qu'il n'y a plus rien à faire.
Vous vous dîtes que vous avez deux options.
Vous pouvez tout arrêter. C'est simple. Tellement simple. En finir, parce que de toute façon, ça ne s'arrangera pas. Vous pensez que ça rejoint votre idée de partir, parce que tout vous ennuie et vous trouver la vie pesante. C'est un poids. Vous ne la supportez plus de toute manière, vous voulez vous en débarrassez.
Il y a plusieurs méthodes. Tout est une question de stratégie, vous passez en revue les possibilités. Corde, lame, pilules.
Mais au fond de vous. Au plus profond vous savez qu'être plus fort, c'est aussi être plus fort que ça. Votre fierté ne peut pas vous laisser faire ça.
Alors vous vous dites que finalement, la solution est peut être ailleurs. Il y a forcément une solution de toute façon. Alors vous tentez de remonter.
Bien sûr, au début, c'est plus dur que vous pensez. Vous tombez en vous aggripant aux choses que vous aviez laissé là. Ces choses auxquelles vous teniez sans vous en rendre compte.
Et vous retrouver un soupçon de motivation. De la lumière au fond du trou.
Alors vous commencez a voir. Tout est plus clair. "Comment j'ai pu ne pas voir tout ça?".
C'est exactement la question que vous posez à votre égo.
Vous étiez pire qu'aveugle. Maintenant vous voyez.
Vous remontez la pente. Vous retrouver le gout. Le gout que vous aviez perdu. Bien sur, il y a des cicatrices qui ne guérissent jamais. Alors vous apprenez à vivre avec. Parce que c'est ça, la seule chose à faire.
Vous sortez grandi de tout ça. Des fois, en y repensant, vous en riez. Vous avez pris du recul, vous voyez ce qui a le plus d'importance.
Vous allez mieux.
Tout va bien.
Tout ira bien.


Sur un ton tout à fait comique, je pense prochainement sortir mon autobiographie "Comment j'ai vaincu la dépression sans alcool, Valium, ni religion".
ha ha.

De avis ou des conseils ou même des expériences vécues? Allez-y.
PEACE OUT PEOPLE.

Icar 
Dépression ~how to. 1/17 21/07/2008 à 04:04
Même si c'est plus un appel qu'un récit, tu aurais dû mettre ça dans création étant donné l'excellent style avec lequel tu nous a écrit ceci Mr. Green

Sinon pour ce qui est des conseils, on verra demain MDR
Dépression ~how to. 2/17 21/07/2008 à 04:09
Honnêtement, je m'attendais pas à ce qu'une personne lise ce texte jusqu'au bout :]
Donc double merci.
Dépression ~how to. 3/17 21/07/2008 à 04:10
Tu penses encore avoir besoin de conseils ? =S
A ce que j'ai pu lire ça a l'air d'aller mieux pour toi maintenant non ?
Dépression ~how to. 4/17 21/07/2008 à 04:13
J'aime beaucoup vraiment...
Merci.
Dépression ~how to. 5/17 21/07/2008 à 04:15
Je parlais de conseils pour mon bouquin, c'est à dire au sens ironique. Néanmoins, si des personnes ont des expériences similaires, je serais heureux d'en parler avec elle (genre j'ai pas d'amis :-O).
Dépression ~how to. 6/17 21/07/2008 à 04:21
J'ai eu l'impression de me reconnaître du début à la fin... Je suis actuellement en train de vivre la fin, et en plus de ça je crois en nouveau à l'amour.

C'est la première fois que j'accroche si facilement à un texte alors qu'il est aussi tard.

Merci pour ce moment fabuleux.
Dépression ~how to. 7/17 21/07/2008 à 09:24
Très joli texte, j'ai vraiment beaucoup aimé.
Dépression ~how to. 8/17 21/07/2008 à 09:29
Wooh.
Ayant vu tout la longueur de ton texte , je pensais ne pas pouvoir finir et donc de ne pas repondre mais quand j'ai commence, j''ai su que je ne m'arreterais surement pas avant la fin car j'ai eu a peu pres une histoire semblable a la tienne malgre mon jeune age.
Et de plus, cela m'a fait ''decouvrir'' des choses que je me cachais, dont je voulais nier meme si j'en etais pas vraiment consciente. Comment dire ?? C''est assez compliquer a expliquer mais en clair, je te remercie . Ne me demande pas pourquoi car je ne pourrais te dire.
Etant une fille qu'on pourrait qualifier de pourri gatee, j'obtenais toujours ce que je voulais quand j'avais besoin de 100euros mon pere me le donner direct sans poser de question mais cela n'a pas durer parce que il y avait une chose que pour la premiere je ne pouvais pas obtenir: L'amour d'une personne en particulier. Et c'etait comme se recevoir une claque pour la premiere fois de ma vie. Je faisais tout pour l'avoir mais sans succes, ce garcon jouait avec mes sentiments. Puis ma mere m'a annoncer qu'elle etait malade, qu'elle avait un cancer et qu'elle me l'avait cacher si longtemps... Ensuite mon pere s'est marier avec une femme du meme age que ma soeur. Evidemment je savais que c'etait seulement pour l'argent. Je ne dormais plus la nuit, mes notes etaients pitoyable et j'avias besoin de plus d'affection mais personne ne se rendait vraiment compte de ce que je ressentais. Je ne voulais croire que j'avais changer durant ma depression mais toute ma vie se defilait devant moi. Incluant mes amis qui devenait mes ennemis, des notes qui baissaient, l'agressivite que je n'avais jamais eu envers tout mes proches. Personne me reconnaissaient vraiment. J'etais passer d'une fille sage, avec des resultats brillants, sans problemes, avec des amis formidables a une fille agressive , nerveuse presque sans amis avec des resultats moyens.. Je sortais avec n'importe qui juste pour oublier...Oublier toute cette souffrance mais sans resultats. Je provoquais jusqu'a que l'on me frappent alors que j'etais auparavant ''anti violence'' et j'avais eu ce que je voulais. Apres ca, j'ai reprocher a mes amis d'avoir rien fait et dit des choses horribles ce qui aggravait plus mon cas.Puis je suis devenu de plus en plus faible et j;ai commencer a avoir des idees suicidaires, pensant que tout le monde avait piter de moi, pensant que ma mere allait bientot deceder , pensant que je redoublerais, pensant que ma vie etait foutu. j'avais decider d'en finir avec des medicaments mais je me suis rater...
Cela a durer 8 mois puis je me suis enfin rendu compte que je n'etais pas moi, que jetais trop negative, qu'il ya des choses que je vis en ce moment qui sont merveilleuses et que si j'avais reussi ca n'aurait pas ete possible, tant de penser comme ca et maintenant j'ai la joie de vivre. Je viens tout juste d'en sortir mais je me sens si stupide des a present. Et maintenant, je suis motive pour aider ou comprendre tout ceux qui ont eu une situation semblable a la mienne parce que a ces moments la, on se sent rejeter, personne nous comprends vraiment. On se sent abandonnee .
Dépression ~how to. 9/17 21/07/2008 à 15:01
people are what matters.
Dépression ~how to. 10/17 21/07/2008 à 15:10
ça me fait étrangement penser à quelqu'un ....
Dépression ~how to. 11/17 21/07/2008 à 15:26
Moi aussi. Ca me décrit quelqu'un que je connais. C'est marrant parce que j'ai passé un temps incalculable à l'analyser de chaque recoin, à continuellement l'observer & j'y comprenais toujours rien. Bien sûr il restera une énigme mais peut-être que ce récit en est la réponse. Je ne le saurais jamais. Peu importe. Il a trop de fierté pour répondre sincèrement.
Soit, j'aimerais tellement en connaître les moindres sentiments, les moindres pensées. Ca m'intrigue.

Excellent style mais, ce n'est pas la première fois que je le pense en lisant quelque chose de toi. Enfin, je crois.
Et tiens donc, tu n'as pas écris ce topic en anglais. Ca me surprend.
Dépression ~how to. 12/17 21/07/2008 à 15:33
Die for me a écrit :
Moi aussi. Ca me décrit quelqu'un que je connais. C'est marrant parce que j'ai passé un temps incalculable à l'analyser de chaque recoin, à continuellement l'observer & j'y comprenais toujours rien. Bien sûr il restera une énigme mais peut-être que ce récit en est la réponse. Je ne le saurais jamais. Peu importe. Il a trop de fierté pour répondre sincèrement.
Soit, j'aimerais tellement en connaître les moindres sentiments, les moindres pensées. Ca m'intrigue.

Excellent style mais, ce n'est pas la première fois que je le pense en lisant quelque chose de toi. Enfin, je crois.
Et tiens donc, tu n'as pas écris ce topic en anglais. Ca me surprend.


ouep pareil pour la personne que je connais, il est vraiment complexe... Je renonce, de toute façon il ne veut pas etre compris...
Dépression ~how to. 13/17 21/07/2008 à 15:45
J'ai tout lu, je me suis reconnus dans ce texte. Sauf peut-être dans cette fierté qui te tient tant à cœur (qui ne me caractérise pas) et que l'on retrouve dans la "préface"... (Non ton entreprise n'est pas veine et inutile, je suis moi même un adepte des textes pseudo-dépressif à l'ascendant 3615mylife et il est souvent plus facile de trouver de la compassion et de la compréhension auprès de personnes que l'on ne connait pas que auprès de ce que l'on peu encore appeler ses "proches" dans une telle situation)... Enfin c'est ce que je crois, personne n'est pareil, personne n'est moi.
Mais tout ce qui est dans ce texte est tellement vrai. La playlist de chansons tristes, j'en ai une, elle est sur mon profil. Et tout comme toi, je dis souvent "je ne sais pas", depuis le jour ou on m'a demandé avec quel parent je voulais vivre, je crois (première dépression x) ).
Enfin bref, bon texte, vrai, et vraiment bien.
Cependant je regrette que tu ne décrire pas plus en profondeur tes sentiments, mais cet effet "mode d'emploi" est surement voulu, cf "how to".
Smile Jap
Dépression ~how to. 14/17 21/07/2008 à 15:53
YouSpinMeRound a écrit :
Die for me a écrit :
Moi aussi. Ca me décrit quelqu'un que je connais. C'est marrant parce que j'ai passé un temps incalculable à l'analyser de chaque recoin, à continuellement l'observer & j'y comprenais toujours rien. Bien sûr il restera une énigme mais peut-être que ce récit en est la réponse. Je ne le saurais jamais. Peu importe. Il a trop de fierté pour répondre sincèrement.
Soit, j'aimerais tellement en connaître les moindres sentiments, les moindres pensées. Ca m'intrigue.

Excellent style mais, ce n'est pas la première fois que je le pense en lisant quelque chose de toi. Enfin, je crois.
Et tiens donc, tu n'as pas écris ce topic en anglais. Ca me surprend.


ouep pareil pour la personne que je connais, il est vraiment complexe... Je renonce, de toute façon il ne veut pas etre compris...


Pareillement. Mais j'arrive pas à abandonner. J'aime bien le côté "enquête" de la chose. ( Je suis cas, de toute façon xD ) .
Mais, en plus, parfois, il ment.
Mais y'a des truc, c'est atroce.
Dépression ~how to. 15/17 11/08/2008 à 05:49
RIP, topic.
Dépression ~how to. 16/17 11/08/2008 à 23:08
Il est magnifique ton texte...
Dépression ~how to. 17/17 30/03/2009 à 19:24
thx.
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