D'un rire et du soleil.

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Alhambra   D'un rire et du soleil. 9 05/07/09 à 21:01

[ Voilà, c'est un peu long, mais j'aimerais bien avoir des avis, comme d'habitude Smile ]

Ce soir-là, le soleil allait se coucher, je rentrais dans ma chambre, laissant les amoureux contempler à deux la silhouette floue de l’astre rouge s’enfoncer dans la mer. La plage m’avait épuisé, et je pouvais voir ce spectacle de ma fenêtre.
Mais en arrivant près de ma porte, alors que je n’avais croisé personne dans la maison, les pensant tous restés sur le sable, j’entendis des voix sortir de ma chambre. Je m’apprêtais à mettre dehors mes nouveaux colons, mais … Oh … Dans quel ordre tout cela est-il arrivé ?
Le rire dont les éclats ricochaient sur mes murs m’était inconnu. Un tel rire se retient, un rire si heureux vous frappe, vous marque. Je m’en serais souvenu.
Je me suis approché, tout doucement, et j’ai entrebâillé la porte. Elle ne m’a pas entendu. Féminin, singulier. Une fille, seule, riait aux éclats d’un rire magnifique, dans ma chambre.
J’ai regardé.
Elle était assise en tailleur sur mon lit. Une jupe, un haut de maillot ou bien un soutien-gorge, des pieds nus. Mais le plus marquant, des cheveux, longs comme je n’en avais jamais vus, châtains clairs avec des reflets roux, parfois des reflets blonds, et puis … comment dire, comment dire avec des mots ce qu’on n’arrive même pas à croire avec des yeux ? Des cheveux, mais … épais, ondulés, comme une masse, mais le mot masse ne convient pas … Elle avait des cheveux magnifiques. Son visage, on le voyait peu. D’abord parce que des mèches de sa chevelure – Ô chevelure – le cachait, mais aussi parce qu’elle se balançait d’avant en arrière, tombait parfois sur le côté, selon les éclats de son rire cristallin. Non, musical. Chaque éclat comme un joyau, comme une perle, mais une perle naturelle, pas prétentieuse, pas riche … je ne sais pas, pour moi, chaque éclat du rire de cette fille était un soleil.
Bref. Et parfois, dans son agitation, son œil croisait la lumière orange du soleil qui tombait de l’autre côté du globe, et qu’un pli du rideau laissait passer. Alors le temps semblait s’arrêter, comme subjugué par cet œil parfait. On dit que le temps n’existe que pour une conscience. Alors moi, face à cet œil faiblement illuminé par l’au revoir du soleil, je perdais toute conscience.
Ses yeux étaient la parfaite définition du bonheur. Je n’en devinais pas la couleur mais ils étincelaient de naturel, de joie, de simplicité, de vrai. Un vrai rayon de vie.
Ce sont les moments les plus sereins, les plus magiques aussi, de ma vie toute entière. Il fallait que tout concorde, un léger coup de vent, le rideau qui plisse, qui laisse passer la lumière, et en même temps elle qui se penche dans un certain angle. Le vrai bonheur se tenait là, dans la rencontre entre son œil et la lumière.
Elle, elle continuait à rire. J’avais oublié qu’il fallait une raison pour rire, j’avais oublié qu’elle était une inconnue, seule, dans ma chambre. J’avais presque oublié mon nom.
Je ne voulais pas entrer. Qu’elle s’arrête de rire. Je ne voulais pas être déçu, voir qu’elle était un être humain, pire une fille, une fille peu vêtue sur mon lit, une fille avec des mots dans la bouche, des idées dans la tête, des souvenirs au bout des doigts. Il fallait qu’elle reste la fille qui rit, avec ses cheveux, son œil, la magie, la joie.
Mais je ne savais pas quoi faire …
Rester là à écouter ? Mais elle pouvait rire éternellement, et moi mourir bêtement sur le pas de ma porte, sans m’être vu vieillir.
Partir ? Oh, mais comment partir et la laisser toute seule, cette enfant, parmi les loups ? Et comment renoncer à ce spectacle revitalisant ?
Et je sentais que ces questions gâchaient ce moment, mais je ne pouvais m’arrêter de penser, et après ? Et elle riait, elle riait …
Peut-être que mourir ici n’aurait pas été si mal que ça. Je me serais assis sans qu’elle me voit, je l’aurais regardée, elle aurait ri. Cela nous aurait suffit comme nourriture et comme eau. Elle serait devenue une vieille femme avec sa longue chevelure d’un blanc brillant, le soleil n’aurait pas cessé de se coucher pour nous, et moi, des rides de bonheur me serait poussées un peu partout. La mort nous aurait emportés légèrement, sur un tapis de nuages.
« Léo ? »
Un nom, - j’ai un nom -, une voix me surprennent. Un rire rauque et moqueur, humain. C’est mon colocataire, Thomas, qui me dérange.
Je n’ai même pas eu le temps de la prévenir, j’aurais voulu me retourner, lui murmurer « Ne t’inquiète pas, il n’existe pas pour toi, en dehors de toi, rien n’existe. ». Mais il me retenait.
« Alors, t’es tellement bourré que tu reconnais plus ta chambre ? Tu vérifies, t’oses pas entrer ? »
Oh non, non, « bourré », et sa voix méchante … Il ne fallait pas qu’elle entende ça, il ne fallait pas qu’elle découvre le monde tel qu’il est.
Et puis il m’a poussé, et comme au ralenti, je suis tombé contre la porte, j’ai voulu me rattraper au vide, j’ai tourné la tête.
Partie. Disparue. Le soleil, la joie, la vie. Envolés. Elle n’était plus là.
Alors le film est reparti, en accéléré, j’ai frappé mon pauvre colocataire au visage, j’ai couru à la fenêtre et des larmes sont nées sous mes yeux. Elle avait disparu, enfuie pas la fenêtre peut-être …
Avec l’âge et le recul, et après bien des larmes, des regrets, j’ai imaginé de nombreux scénarios. Une vagabonde profitant de la fenêtre ouverte, une fille qui jouait à un jeu et qui s’était cachée … J’ai même pensé que peut-être, pendant toutes ces années, et même jusqu’à ce que la maison soit vendue, elle était restée cachée sous mon lit. Je n’ai même pas vérifié ... Mais ces scénarios dénaturaient la perfection de ce que j’avais vu. Je n’avais jamais été tant heureux, amoureux du bonheur, que pendant ces quelques instants.
Parfois, même aujourd’hui, alors que je suis devenu un vieil homme, époux, père et grand-père comblé et satisfait, je repense à tout cela. J’y repense comme à une étincelle de vie, un flash orange, le dernier rayon du soleil filtré par le rideau, j’entends son rire, ça passe vite.
Et j’aime à penser que si mon colocataire n’était pas rentré à ce moment-là, ma vie aurait été totalement différente, c’est sûr, et je m’imagine, là maintenant, assis contre la porte à la voir rire, elle, si belle ; et mourir. Mourir d’un rire.

D'un rire et du soleil. 1/9 05/07/2009 à 21:04
Hmm.. J'adhère pas. Les mots ne sont pas assez mélodieux et mal employés mais le contexte m'a beaucoup plus.
D'un rire et du soleil. 2/9 05/07/2009 à 21:08
Wow, t'as été rapide à lire !

Ok, heu bah merci d'avoir lu et commenté Very Happy
D'un rire et du soleil. 3/9 05/07/2009 à 21:23
D'autres avis, peut-être ?
D'un rire et du soleil. 4/9 06/07/2009 à 10:56
J'me permets un petit up ...
D'un rire et du soleil. 5/9 06/07/2009 à 11:01
Ben j'aime bien moi meme si le terme bourré est peut etre un peu trop famillier Smile
D'un rire et du soleil. 6/9 06/07/2009 à 11:08
Ben c'est voulu justement, c'est pour faire un contraste avec le reste !
Merci Smile
D'un rire et du soleil. 7/9 06/07/2009 à 11:08
J'adore. C'est simple, c'est beau, c'est fluide. Très agréable à lire.
D'un rire et du soleil. 8/9 06/07/2009 à 11:09
Je suis le seul gars à lire le texte ou quoi x)
D'un rire et du soleil. 9/9 06/07/2009 à 18:34
ptitecam a écrit :
Hmm.. J'adhère pas. Les mots ne sont pas assez mélodieux et mal employés mais le contexte m'a beaucoup plus.


Je suis d'accord. Et puis tu sautes un peu du coq à l'âne, ça va trop vite. Je n'aime pas.
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