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Texte... La souffrance d'une écrivaine

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Oderlin

Texte... La souffrance d'une écrivaine

29/04/07 à 18:33

Je suis vraiment une personne tout ce qu'il y a de plus paradoxale. Ca m'est apparu comme ça, comme une évidence, jamais on ne doit créer un lien indestructible. Jamais. En le voyant, il est certain que je ne le protège pas, paradoxalement, sachant que je ne lui parle pas, de peur qu'il y ait quoi que ce soit le mettant en danger (cette situation le mettant lui-même en danger d'ailleurs), on pourrait dire que je le protège. Finalement, ce que j'obtiens ici ne me fait que du mal. En espérant que je sois la seule à en souffrir.
Quelques minutes plus tard, j'ai entendu dans une chanson les mots anglais "Perfect skin". Je me suis alors imaginé ton visage, me rappelant ainsi à quel point j'aime cette partie de toi. Et cela m'a rendue affreusement triste.
Il y a cette voix aussi qui résonne dans ma tête, qui dit "je t'interdis de verser à nouveau une larme". Tout cela est absurde, car je n'ai jamais cessé de pleurer.
Voix, sa voix aussi, celle que j’aime tant entendre, si pure, si magnifique quand il s’adresse à moi, pleine d’une sorte de douceur qu’il ne peut me donner autrement quand m’adressant un mot, un regard et un sourire, comme il le ferait pour n’importe qui d’autre. Qualifierais-je cela comme une forme d’amour ? Définirais-je cela comme une fuite préalablement perpétrée de l’inceste qu’il est constamment sur le point de commettre en posant ses yeux sur moi ? Ou est-ce seulement du dépit, ou cette gentillesse inscrite dans ses gênes d’homme parfait et qui l’empêche de me repousser comme tout être raisonné aurait dû le faire depuis des lustres ? La dernière proposition me paraît être la plus raisonnable pour moi aussi.
L’amour est peut-être une chose stupide, mais il y a plus stupide que l’amour. Quoi par exemple ? J’ai beau cherché, je ne trouve pas. Tuer quelqu’un serait plus cruel ? Tuer une personne heureuse serait plus cruel qu’aimer une personne désespérée. Mais rien n’est plus contradictoire qu’aimer une personne heureuse. Rien n’est plus cruel. Aimer une personne heureuse, être aimée par une personne heureuse, c’est coupé son existence en deux. Détruire sa vision du monde et cela définitivement. L’attaquer avec des questions sans réponses et des sentiments d’une valeur et d’une sincérité sans équivoque. De chaque côté.
Comment déterminer la puissance, la sincérité, la beauté d’un bonheur ? Les pauvres scientifiques créés et complètement contrôlés par notre monde vous diront : « Mais vous êtes bêtes ou quoi, utilisez un bonheuroscope ! ». Je dois avouer que ça me fait bien rire. Moi je crois que je fabriquerais une machine pour faire baisser leur Q.I. et augmenter leurs capacités d’imagination et de rêve. Bah, en même temps, ils seront probablement plus heureux avec leurs « bonheuroscopes » que moi avec mon imagination draconienne et mes rêves irréalisables.
En ce jour (celui où je reprend l'écriture de ce texte sans grand intérêt), rien ne m'est apparu comme plus pitoyable que l'existence. Je passe dix heures de ma journée dans un endroit où je me sens mal, totalement étrangère, totalement à l'écart des quelques 1000 personnes qui m'entourent. On ne devrait pas. On ne devrait pas y penser. J'y pense parce que je suis ainsi faite, parce que c'est la seule chose que mon pauvre cerveau soit capable de faire : penser. S'il savait... Mon Dieu, s'il savait. Le point qu'atteint mon désir en ce moment, en ce moment et de plus en plus, je n'imagine même pas ce qu'il se produirait en lui. C'est peut-être parce que je l'ai déjà imaginé que je ne le fais pas... Bref, je vois bien qu'une fois de plus je tourne en rond.

polynice