Sur la rive.

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

Alhambra   Sur la rive. 22 10/06/09 à 21:56

Je n’ai pas eu à chercher bien loin pour retrouver Elisabeth. Elle était assise dans un café, avec deux amies. Assise, en tailleur, sur la banquette du café, un coude sur la table, le visage maintenue par sa main. Elle regardait dans le vide, levait l’œil une fois ou deux et souriait vaguement à ce que les deux autres filles lui racontaient. Eteinte, Elisabeth, à côté de ces filles qui pépiaient joyeusement.
Pourquoi refusait-elle avec autant de persistance, simplement d’exister ?
On lui apporta une tasse de chocolat chaud. Avec de la chantilly. Elle passa au moins deux longues minutes à dévisager cette tasse, l’air de se demander si ça en valait vraiment la peine. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Puis elle a allongé ses jolies lèvres roses pour les tremper dans la boisson. Il lui est resté un peu de chantilly au coin droit de la bouche. L’espace d’un instant, tout pouvait arriver.
Puis une de ses copines le lui a fait remarquer, Elisabeth s’est essuyée. Tout est redevenu gris.
A cet âge-là, les yeux des jeunes filles brillent, leurs voix emplissent les salles de café, on n’entend qu’elles. Leurs cœurs palpitent, elles sourient. A cet âge-là, on rit, ou même on pleure ! Elisabeth soupire. C’est tout. Elle s’ennuie.
D’un coup, elle a rassemblé de ses deux petites mains blanches aux ongles rongés sa tignasse de cheveux châtains, elle les a mis en boule sur son crâne, et elle a attaché le semblant de chignon avec une pince. Elle s’est levée, a dit quelque chose, et toujours de cet air désintéressé qui lui colle à la peau depuis toute petite, elle a enfilé sa veste. Elle a jeté des pièces sur la table, avec désinvolture, a posé une main sur l’épaule de l’une des deux filles, et est partie.
Sa tasse était restée à moitié pleine, mais ses copines se sont empressées de la finir, en riant.
Ne voient-elles pas la détresse de leur amie ? Ne voient-elle pas que si personne ne rattrape Elisabeth dans sa fuite, la vie va partir sans elle, sans l’attendre, la laisser sur le côté ?
Elles boivent son chocolat comme si rien n’était grave. Alors que c’est très grave.
J’avais l’air bizarre, moi, à observer des jeunes filles dans un café. Alors je suis rentré à la maison.
Elisabeth était dans sa chambre, allongée sur le ventre, sur son lit. La tête plongée dans l’oreiller. J’ai cru qu’elle pleurait. Quand je suis passé, elle a levé la tête et a juste dit : « Salut papa. », gentiment.
A la voir si mignonne, tellement pareille à quand elle était petite, tellement gentille au fond, à la voir, là comme ça, fébrile, inconsciente … C’est moi qui ai eu envie de pleurer.

Sur la rive. 21/22 21/06/2009 à 22:35
J'aime bien la chute, on s'attend pas du tout à ce que ce soit le père qui observe.
Je l'ai lu très facilement Smile
Mais j'ai pas compris : "L’espace d’un instant, tout pouvait arriver", juste après qu'elle se soit mis de la mousse sur le coin de la bouche... Parce que ça aurait pu la faire rire ? (à côté de la plaque ? Mr. Green )
Sinon, j'aime bien.
Sur la rive. 22/22 21/06/2009 à 22:42
Chocolativore a écrit :
J'aime bien la chute, on s'attend pas du tout à ce que ce soit le père qui observe.
Je l'ai lu très facilement
Mais j'ai pas compris : "L’espace d’un instant, tout pouvait arriver", juste après qu'elle se soit mis de la mousse sur le coin de la bouche... Parce que ça aurait pu la faire rire ? (à côté de la plaque ? )
Sinon, j'aime bien.


Oui, c'est à peu près ça, je sais pas trop, j'imagine qu'il la revoit petite, alors ça pourrait la faire rire, oui. En fait tu as peut-être mieux compris que moi, moi je sais pas trop Very Happy
Merci beaucoup !
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