[Texte] Neige.

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

Cloud Atlas   [Texte] Neige. 12 14/01/10 à 00:01

Bonsoir.
c'est juste un extrait, une scène d'un projet plus large et ambitieux que j'espère pouvoir mener à bien. Je poste à chaud, pour voir. J'manquais d'inspiration pour le titre, aussi.

Elle marchait dans la rue et se répétait une ritournelle cruelle au rythme de ses pas. J’ai fait du mal à Jonathan. J’ai fait du mal à Jonathan. J’ai fait du mal…
Elle s’arrêta soudainement et s’appuya à un mur. La neige avait fini d’être belle et n’était déjà plus qu’une nuisance. Les démarches des passants étaient légèrement différentes. Ils tanguaient, glissaient à chaque pas. Elle vit, sur le trottoir inverse, un homme perdre l’équilibre, étendre les bras, le retrouver et continuer d’avancer comme si de rien n’était.

Et si, tout le monde pouvait me voir, pensa Luce, me voir pour un court instant, et tout voir à l’intérieur ? Toutes mes lâchetés, toutes mes hontes, mon égoisme, toute la douleur que je lui ai infligée et celle que je ressens. Si chaque homme, femme ou enfant qui passe pouvait me voir toute entière, tout appréhender, et décider pour eux-mêmes si je suis coupable ou inconsciente, s’ils allaient me détester ou me comprendre, me consoler ou me punir.
Je me sentirais mieux. Je serais jugée, lavée de mon crime. Ce ne serait plus à moi de décider si oui ou non, je savais qu’il souffrait. Si je l’avais ignoré par simple complaisance, parce que c’était si simple, qu’il était si gentil. Je n’aurais plus mal au ventre. Plus mal au cœur.

Pour se punir d’imaginer une échappatoire à sa culpabilité, elle enfonça sa main dans la neige recouvrant un appui de fenêtre. Elle la retira au bout d’une trentaine de secondes et en comtempla la rougeur tout en savourant la brulûre qui s’y répandait peu à peu au fûr et mesure que la sensibilité y revenait. Elle écouta battre son pouls au bout de ses doigts.

Et si, moi, je pouvais aussi les voir, se demanda Luce. Si à chaque fois qu’un inconnu passe devant moi, je pouvais percevoir ses douleurs et ses passions, ses joies et ses victoires aussi clairement que si je les avais vécues moi-même ? Si je pouvais m’évader, ne fut-ce que pour quelques secondes, aimer cet inconnu, compatir.

Il faisait glacial. Luce sentait un chatouillement familier s’installer dans sa gorge non couverte.
Elle se remit à marcher à petits pas prudents. Les larmes laissaient des striées froides sur son visage. Elle se demanda s’il était possible qu’elles gèlent. Une fois arrivée à la maison, elle pourrait les décoller et contempler son masque de tristesse fondre doucement.
J’ai fait du mal à Jonathan.

[Texte] Neige. 1/12 14/01/2010 à 04:10
Je trouve ça vraiment pas mal, malgré quelques petites lourdeurs que je vais tenter d'expliquer ici.

Avant tout, malgré la fluidité de ton texte, quelque chose a freiné ma lecture, et je trouve ça dommage :

Elle vit, sur le trottoir inverse, un homme perdre l’équilibre, étendre les bras, le retrouver et continuer d’avancer comme si de rien n’était.

La phrase est belle, mais je pense que tu pourrais te passer de quelques virgules, pour donner quelque chose de plus rapide, pour mettre en évidence le fait qu'elle saisisse "l'instant" :

Elle vit sur le trottoir inverse un homme perdre l’équilibre, étendre les bras, le retrouver et continuer d’avancer comme si de rien n’était.

C'est assez bateau comme correction, mais je trouve ça important, parce que je trouve que le rythme de la phrase (et donc du paragraphe, puisque celle-ci s'en trouve à la fin), s'en ressent.

De plus, je trouve que sur la forme, ça manque cruellement de ponctuation pour passer de la narration au dialogue (ou au monologue/aux pensées, comme tu veux), parce qu'on passe trop rapidement du "elle" au "je", et forcément, là encore, le rythme se brise.

Je pense qu'au final, on ne peut pas reprocher grand chose d'autre à ton texte, mais je vais quand même chipoter par rapport à l'avant-dernier paragraphe, et sa liaison avec le dernier paragraphe.
En effet, l'idée que tu exploites dans l'avant-dernier paragraphe, le fait qu'elle voudrait ressentir cette empathie pour certaines personnes, n'est pas assez exploitée. Et même si ça laisse de la place à une quelconque imagination, je trouve que ce n'est pas assez développé. On pourrait, par exemple, lire ce qu'elle pourrait faire de cette empathie, plutôt que de son contenter d'un plat : "Si je pouvais m'évader, ne fut-ce que quelques secondes [...]". Par exemple, en tant que lecteur, j'aimerais bien décrocher un peu de l'idée principale du texte pour m'évader avec cette fille, imaginer ce qu'elle pourrait ressentir, etc.
En fait, si je dis ça, c'est que dans l'esprit de ton texte, qui veut en quelques sortes montrer sur un court instant les difficultés que peut ressentir un personnage, on gagnerait beaucoup à retomber plus durement dans la réalité à la fin du texte, après avoir tenté de "s'évader".

Enfin, je te l'ai dit, je chipote, mais je trouve que ça mériterait d'être un peu étoffé. En fait, à la première lecture, on reste au même endroit, on est statique. Et c'est dommage.

Très joli texte néanmoins, j'attends de voir la suite. Smile
[Texte] Neige. 2/12 14/01/2010 à 18:00
Je suis d'accord avec toi pour le paragraphe qui devrait être étoffé.
Par contre le passage du elle au je un peu flou, je compte garder. Peut-être que ça ça sonnera mieux que ça fera partie d'un tout, que ça sera pas seulement un texte isolé. Merci de ton commentaire.
[Texte] Neige. 3/12 14/01/2010 à 18:48
C'est très bien ecrit je trouve et c'est fluide. Comme ça a été déjà dit plus haut, on ne peut pas repprocher grand chose à ton texte en fin de compte.
J'aime bien, j'ai hâte de voir la fin de ton projet.
[Texte] Neige. 4/12 14/01/2010 à 19:37
Je suis d'accord avec les remarques de Shine.

Et je trouve ce texte très joli.
[Texte] Neige. 5/12 14/01/2010 à 19:44
Callebaut a écrit :

Je suis d'accord avec toi pour le paragraphe qui devrait être étoffé.
Par contre le passage du elle au je un peu flou, je compte garder. Peut-être que ça ça sonnera mieux que ça fera partie d'un tout, que ça sera pas seulement un texte isolé. Merci de ton commentaire.



J'attends avec impatience la suite de ce texte Smile. Ou d'en voir la totalité plutôt.

Tu le posteras ici ?
[Texte] Neige. 6/12 14/01/2010 à 19:48
Un texte d'Aylin c'est toujours un topic qu'on ouvre avec plaisir Tire la langue
[Texte] Neige. 7/12 14/01/2010 à 19:49
Shine a écrit :

Tu le posteras ici ?


Peut être des extraits. Pas la totalité, c'est certain.

Si vous voulez un pitch: un groupe de jeunes fait partie d'une troupe de théâtre amateur organisée par une académie (conservatoire). Ils montent "Le songe d'une nuit d'été". Je me concentre sur les adolescents tenant les rôles d'Hélène, d'Hermia de Lysandre, de Démétrius et de Puck.
Ils vivent des intrigues amoureuses/expériences sexuelles qui reflètent un peu le chassé-croisé qui se passe dans la pièce. En plus de ça, une certaine réflexion sur le talent, ce que c'est que d'en avoir, est-ce qu'on a quand même de la valeur si on en a pas...
Pour le style, je vais faire beaucoup référence à ce Shakespeare m'inspire, c'est-à-dire beaucoup de métaphores un peu merveilleuse (genre le masque des larmes).
Voilà. J'espère que j'y viendrai à bout.
[Texte] Neige. 8/12 14/01/2010 à 19:50
Bonne chance Smile
Samoth 
[Texte] Neige. 9/12 14/01/2010 à 21:24
Intriguant. Et très bien mené.
[Texte] Neige. 10/12 15/01/2010 à 17:54
C'est dur de ne pas s'arrêter soudainement et de s'appuyer à un mur; mais j'aime assez. Bonne continuation.
[Texte] Neige. 11/12 15/01/2010 à 18:11
"J'aime". N'ai pas vraiment de critique à faire. J'aime juste Smile Y'a juste un truc qui m'a un peu perturbé. On dit pas s'appuyer contre un mur? (c'est une question hein :p)
j'aime beaucoup la métaphore du masque de larmes. Très bien amenée.
[Texte] Neige. 12/12 16/01/2010 à 12:49
et se répétait une ritournelle cruelle

Une ritournelle, c'est déjà une répétition ;).

n’était déjà plus qu’une nuisance

J'ai un peu buté sur l'assonance en "u", peut-être devrais-tu alléger ça ?

Les démarches des passants étaient légèrement différentes

A la première lecture, on ne comprend pas par rapport à quoi.

Et si, tout le monde pouvait me voir, pensa Luce, me voir pour un court instant, et tout voir à l’intérieur ? Toutes mes lâchetés, toutes mes hontes, mon égoisme, toute la douleur que je lui ai infligée et celle que je ressens. Si chaque homme, femme ou enfant qui passe pouvait me voir toute entière, tout appréhender,

Là, les répétitions sont assez lourdes ("voir" et "tout[es]").

Et il manque la proposition principale x).

Si je l’avais ignoré par simple complaisance, parce que c’était si simple, qu’il était si gentil

Idem, il manque une proposition.

Pour se punir d’imaginer une échappatoire à sa culpabilité

Pourquoi faire si compliqué ? Cela alourdit l'action. On peut comprendre le paragraphe sans avoir besoin de ce morceau.

Elle écouta battre son pouls

Pas pour les doigts. Ou alors, elle a une super-ouïe. ;)
(et c'est "au fur et à mesure").

Et si, moi, je pouvais aussi les voir, se demanda Luce. Si à chaque fois qu’un inconnu passe devant moi, je pouvais percevoir ses douleurs et ses passions, ses joies et ses victoires aussi clairement que si je les avais vécues moi-même ? Si je pouvais m’évader, ne fut-ce que pour quelques secondes, aimer cet inconnu, compatir.

Là, honnêtement, j'ai vraiment du mal à comprendre ce que ce paragraphe fait ici. Peut-être parce qu'il manque encore la proposition principale ?

Et pour le dernier paragraphe, je suis un peu partagé. 'Fin bon, tu fais comme tu veux, certains aiment, d'autres pas.

Sinon, de manière générale, j'ai l'impression qu'on a des bouts de textes collés les uns aux autres, sans pour autant former une unité. Par exemple, que'est ce que le gars qui tombe vient faire là ? De même, on passe trop rapidement d'un endroit à l'autre.
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